mercredi 30 juillet 2014
L’unique timonier
L’unique timonier
Que n'aurait-on dit si Sarkozy, comme vient de le faire le président de la République, avait saisi l'occasion d'une catastrophe aérienne pour surjouer la compassion et prendre les affaires en main ? A coup sûr, ce n'était pas le rôle d'un chef de l'État de s'occuper de tout, jusque dans les détails du rapatriement des corps, de la mise en berne des drapeaux, du retour des boîtes noiresæ À coup sûr, encore, c'était la meilleure façon d'avouer qu'il ne pouvait compter sur personne. Ce déploiement d'affliction n'était pas forcément justifié, même s'il est parfaitement dans sa fonction de témoigner son soutien et son aide aux familles dans la détresse. Pas justifié et dangereux car ses adversaires ne manqueront pas de lui rappeler, puisqu'il est l'unique timonier, que l'économie et l'emploi mériteraient aussi des prises de décisions exceptionnelles.
De la capacité du président à s'immerger dans les désarrois intimes, dans les drames qui frappent l'opinion, dépend, croit-on, sa cote dans les sondages. Les réformes, le parler vrai, le courage de l'intérêt général ne sont plus des arguments en politique. Le malheur pour dernier refuge de la popularité. Pauvre Jaurès !
Fatigués de mauvais indices, accablés de renversements de tendances qui ne viennent jamais, les Français aimeraient avoir le sentiment que la barre est tenue par une équipe unie, soudée au service du bien commun, une équipe qui ne montre pas ses divisions à la moindre occasion et qui n'oblige pas le président de la République à jouer le chef secouriste. Sans compter qu'il va enchaîner avec le centenaire de la Grande Guerre dont on a eu la mauvaise idée de commémorer le début plutôt que la fin. Et le tout sans doute entre une déclaration sur Gaza et une autre sur les chrétiens de Mossoul. Pourvu qu'il ne vienne pas à l'idée d'un conseiller en proximité de lui suggérer de nous souhaiter de bonnes vacances.
Crêpe noir aux drapeaux, l'été va essayer de reprendre ses droits en espérant que le destin ne lui inflige pas encore quelque grande douleur que nous serions contraints de partager collectivement en passant par profits et pertes les 3.000 victimes de la route.
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