lundi 28 juillet 2014
La nécessaire libération fiscale
Le jour de libération fiscale » devrait s’appeler « jour de suspension temporaire de l’esclavage fiscal
Le « jour de libération fiscale » – le 27 ou le 28 juillet selon Contribuables associés oul’Institut économique Molinari – représente le jour à partir duquel le salarié moyen cesse de travailler pour l’État, en tant que contribuable, et peut en effet profiter pour lui-même et sa famille du fruit de ses efforts. Ce jour de libération fiscale pourrait d’ailleurs aussi bien s’appeler « jour de suspension temporaire de l’esclavage fiscal » car il s’agit bien d’un esclavage des temps modernes, en particulier en France, pays qui détient le triste record d’être dans le peloton de tête dans ce domaine. Un esclave est en effet un individu qui est obligé de travailler sous la contrainte au profit de ses maîtres (qui lui donnent en contrepartie partielle le vivre et le couvert). C’est bien dans cette situation que se trouve le contribuable français. Et ceci est d’autant plus vrai que le « jour de libération fiscale » consiste à célébrer la libération du salarié moyen, mais que certains salariés, entrepreneurs, membres de professions libérales, sportifs ou artistes – c’est-à-dire tous ceux dont les talents permettent encore aux Français de ne pas vivre dans la misère matérielle, intellectuelle et culturelle – ne sont libérés que bien plus tard, sans doute même en décembre pour certains d’entre eux.
Certes les défenseurs de l’oppression fiscale ne manqueront pas de prétendre que l’impôt est le prix légitime que l’on doit payer pour recevoir tous les bienfaits que l’État apporte aux citoyens. Mais c’est oublier tout simplement que l’impôt est imposé, c’est-à-dire qu’il est le résultat de l’exercice de la contrainte. Or, ce n’est pas parce que celle-ci est légale qu’elle peut être considérée comme légitime et moralement justifiée. L’État n’est-il pas défini traditionnellement comme cette institution qui a le monopole de la contrainte légale ? C’est cette position de monopole qui lui permet de mettre les citoyens en esclavage. Il y a donc, de ce point de vue, une différence totale entre l’impôt – présenté comme le prix des biens publics – et les prix du marché, car ces derniers sont le résultat de l’exercice de leur libre volonté par les individus : par l’échange libre, chacun des deux échangistes accroît son bien-être. Il n’en va évidemment pas de même pour l’impôt et les dépenses publiques !
Bien sûr, on dira que l’impôt étant démocratiquement voté, il est l’expression de la « volonté populaire ». Or, tout d’abord, on élit des représentants qui sont ensuite libres de prendre des décisions de manière discrétionnaire et les contribuables-électeurs n’ont d’ailleurs le choix qu’entre un nombre limité de maîtres d’esclaves fiscaux ; par ailleurs on peut toujours trouver une majorité pour brimer une minorité. Mais il y a aussi le fait que beaucoup de gens supportent un fardeau fiscal sans en être conscients, par exemple tous ceux qui sont exemptés d’impôt sur le revenu. La fiscalité repose donc sur un mensonge d’État terrifiant. Et c’est, entre autres raisons, ce manque de transparence qui explique l’absence de révolte fiscale de la part des esclaves fiscaux1.
Le seul moyen d’échapper (partiellement) à l’impôt consiste à réduire ses efforts de travail, d’épargne, d’investissement, ou de choisir l’exil. C’est bien ce qui se passe en France et c’est pour cette raison que la croissance y est faible et le chômage élevé depuis des années. C’est par ailleurs ainsi que les Français perdent le concours de nombreux innovateurs qui partent exercer leurs talents sous des cieux plus cléments. C’est pourquoi une réforme fiscale très rapide et de très grande dimension, consistant à supprimer les effets les plus désincitatifs de la fiscalité (progressivité, taxation du capital) constituerait le meilleur des investissements qu’un gouvernement pourrait faire, s’il était véritablement soucieux du bien-être de ses administrés. Mais cette réforme fiscale n’est pas seulement une exigence économique pour favoriser la prospérité de tous. Elle est aussi – et même peut-être surtout – une exigence morale. Chaque année les présidents de la République française célèbrent en grande pompe l’abolition de l’esclavage. On aimerait en voir un célébrer le jour de libération fiscale et surtout décider une véritable libération fiscale.
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