jeudi 3 avril 2014
Tournant de la vigueur
Tournant de la vigueur
Fin de la Valls hésitation ! Au terme d'une journée particulièrement pagailleuse, qui en dit long sur l'absence d'anticipation de la déroute électorale, François Hollande a annoncé la nomination de Manuel Valls à Matignon au cours d'une brève allocution télévisée. En l'occurrence, c'est tout l'habituel protocole entourant un changement de gouvernement qui a été « enjambé ». Point d'annonce officielle, mais une lettre de démission de Jean-Marc Ayrault acheminée par porteur à l'Élysée et un communiqué lapidaire d'une ligne. Preuve d'un congédiement ressenti comme un peu brutal par le trop loyal Ayrault, évincé… par Valls.
Parce qu'on a le sentiment que c'est un peu Manuel Valls qui s'est nommé à Matignon, tant l'ex-ministre de l'Intérieur avait mis d'ardeur, depuis longtemps, à anticiper le remaniement et à se positionner. Si François Hollande a paru tergiverser jusqu'à la dernière minute, c'est qu'il ne connaît que trop les inconvénients d'un choix qui est le pire de tous… à l'exception de tous les autres. Dans un contexte de traumatisme post-électoral, Manuel Valls disposait des meilleures armes.
Voilà pourquoi, en dépit des risques, François Hollande a choisi Valls pour conduire un « gouvernement de combat » « resserré, cohérent, soudé ». Sûr que le nouveau Premier ministre se laissera moins « contourner » que son prédécesseur par le chef de l'État, mais il sera, par affinité, le solide garant de la ligne sociale-démocrate. Car l'important a tenu dans la réaffirmation par François Hollande de la nécessité du pacte de responsabilité.
Pas sûr, cependant, que « l'inflexion » promise par François Hollande pour répondre à la revendication pavlovienne de « justice sociale » suffise à calmer une aile gauche du PS et des Verts prêts à faire sécession. Le « clivant » et renfrogné Manuel Valls va devoir consentir des efforts pour se montrer socialo-écolo-compatible. Et puis, après la constitution du gouvernement, promise à quelques soubresauts, il restera le plus dur à faire pour l'exécutif : s'assurer d'une majorité pour soutenir ce nouveau tournant… de la vigueur !
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