mercredi 30 avril 2014
Pacte d’instabilité
Pacte d’instabilité
Quelle différence y a-t-il entre le discours de politique générale de Manuel Valls à l'Assemblée le 8 avril dernier et son discours d'hier sur le programme de stabilité ? La réponse est un peu cruelle : une trentaine de voix socialistes ! Les 11 abstentionnistes du PS d'il y a trois semaines ont fait des petits (41 au total) en dépit d'un harassant travail de persuasion, assorti de gestes d'apaisement, de Matignon auprès des frondeurs de Solférino. Si l'on y ajoute les votes globalement négatifs des Verts, dont la présence dans la majorité devient de plus en plus ubuesque, et ceux, attendus, du Front de gauche, c'est une victoire très relative dont peut se prévaloir Manuel Valls.
Le Premier ministre entendait renforcer son autorité à travers un « vote de légitimation » dont il aurait pu se dispenser. Il se retrouve au contraire fragilisé par un vote d'avertissement, certes sans frais, mais porteur de futures difficultés. Péché d'orgueil, peut-être, pour Manuel Valls qui essuie en la circonstance son premier revers dans sa nouvelle fonction.
Sa stratégie de dramatisation de l'enjeu, afin d'obtenir le soutien obligé de son camp, n'a pas suffi à lui rallier les grincheux. Au total, Manuel Valls, plutôt que de s'appesantir sur le programme de stabilité, a prononcé hier un deuxième discours de politique générale. Une redite empreinte d'une implication personnelle qui n'aura échappé à personne. En témoigne cette réapropriation de l'anaphore présidentielle à travers un « j'assume » martelé à plusieurs reprises.
On aurait évidemment tort d'imaginer que François Hollande puisse se réjouir de la rebuffade essuyée par son Premier ministre. Car les états d'âme du PS sont évidemment liés aux « révisions déchirantes » du chef de l'État. Et la situation est devenue telle que les prochains débats budgétaires ne seront pas faciles à conduire avec une majorité qui n'en est plus vraiment une. Et qui, de toute façon, ne distillera sa confiance qu'au cas par cas. Va-t-on, inéluctablement, vers des majorités de substitution ? Possible, puisque le vote de responsabilité demandé hier a viré au pacte d'instabilité.
Soutien conditionnel à Manuel Valls : l’erreur de l’UDI
Dans une volonté d’apparaître non pas comme une opposition de base, mais une opposition constructive, l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo a décidé de voter le pacte de responsabilité de Manuel Valls à deux conditions :
- assortir le coup de « rabot financier » du plan Valls à une série de réformes structurelles plus ambitieuses, « par exemple en appliquant dès 2015 la réforme des retraites fixant l’âge légal de départ à 62 ans » ;
- l’accélération des baisses de charges et des impôts pour les entreprises.
Même si les conditions fixées par l’UDI vont dans le bon sens, ce soutien conditionnel du centre droit à Manuel Valls, le Premier ministre d’un gouvernement socialiste et fier de l’être, est une triple erreur.
D’une part, la proposition de Manuel Valls est insuffisante, tant quantitativement que qualitativement. Comme le rappelle le Parti Libéral Démocrate, pour Valls, il n’est pas question de diminuer le montant des prestations sociales et il n’est pas question de revenir sur la création de postes dans la fonction publique : les postes d’enseignants (60.000 en 5 ans) seront créés. Manuel Valls a beau être un peu moins dogmatique que Christian Eckert, Karine Berger ou Yann Galut, il n’en reste pas moins un socialiste qui veut « sauver le système de protection sociale à la française ». On est donc à des années lumières de la révolution thatchérienne qui, rappelons-le, a sauvé le Royaume-Uni de la faillite totale au début des années 80. Soyons clairs : l’UDI a publié fort à propos un contre-pacte, prévoyant d’économiser non pas 50 milliards d’euros comme propose Valls, mais 80. Le contre-pacte de l’UDI va dans le bon sens mais c’est un plancher. On sait, notamment grâce à l’iFRAP, qu’on pourrait économiser non pas 50 milliards d’ici à 2020, mais 50 milliards par an, de manière récurrente !
D’autre part, la démarche conciliante de l’UDI s’inscrit dans la bonne volonté coopératrice que les centristes s’attachent à mettre en œuvre à Bruxelles, au niveau européen. Seulement, ici, c’est la France, un régime politique réglementé par les règles de la majorité. Combien de fois Manuel Valls, lors des questions au gouvernement, lorsqu’il était le désastreux ministre de l’Intérieur que l’on connait, a clairement fait comprendre à l’opposition UMP-UDI qu’ils n’étaient pas au pouvoir et qu’ils n’avaient qu’à la fermer ? Combien de fois Manuel Valls a-t-il insulté, au sens propre du terme, l’opposition et tous ceux qui ne pensent pas comme le PS ? C’est tout à l’honneur de l’UDI, héritière de la démocratie chrétienne, que de ne pas rompre le dialogue avec la majorité socialiste et franc-maçonne, mais que les élus centristes gardent à l’esprit que l’introduction de la proportionnelle pour les élections législatives, une promesse du candidat Hollande, n’est plus à l’ordre du jour.
Enfin, c’est encore une fois à l’honneur de l’UDI de pallier l’incompétence de la majorité, mais la vérité est qu’au-delà de l’état objectif du pays, ce dernier est aggravé par la présence du Parti socialiste au pouvoir. Une sage décision serait de laisser couler le PS et tout ce qui s’y rattache. Comment tendre la main à des gens qui, depuis deux ans, ne cessent de répéter, en questions au gouvernement notamment, que leurs échecs sur le chômage ou sur la dette publique et les déficits sont uniquement dus à la politique de Sarkozy ? L’UDI a la légitimité pour demander que le PS qui, malgré les municipales, détient encore quasiment tous les pouvoirs en France (Élysée, Matignon, Intérieur, Affaires étrangères, villes de Paris, Lille, Nantes et Lyon, majorité de départements et de régions, etc.), fasse le ménage. Comment se fait-il que tant d’affaires de corruption éclatent sans que personne ne dise rien ? Comment est-ce possible que Manuel Valls puisse dire tout et son contraire sans que personne ne réagisse ? Pourquoi laisse-t-on le pouvoir à des gens manifestement incapables d’être cohérents et consistants avec eux-mêmes ?
L’UDI ferait mieux de proposer à Manuel Valls de démissionner du PS, de faire amende honorable sur la répression de la Manif pour Tous ou les événements du Trocadero et de dénoncer les extrémistes de gauche autant que ceux de droite. Après examen de son attachement sincère au libéralisme, au principe de subsidiarité, à la décentralisation et au fédéralisme européen ainsi qu’à l’équilibre entre pouvoirs, l’UDI pourrait proposer une adhésion à Manuel Valls.
Comme cela n’arrivera pas, le plus simple est que l’UDI demande à François Hollande de démissionner et de provoquer des législatives anticipées après dissolution car, in fine, un des problèmes de la France, c’est bien son Président de la République.
Alstom : Ce que le gouvernement aurait pu faire pour éviter le ridicule
Le conseil d’administration d'Alstom a donc voté pour la solution proposée par General Electric. C’était prévisible. Les deux entreprises travaillent déjà ensemble depuis des années et leurs directions préparaient la négociation depuis plusieurs mois. Siemens va sans doute essayer de plaider son offre, mais ça parait mal engagé. Le gouvernement dans cette affaire a été en dessous de tout. Il y avait pourtant des solutions.
Dans cette affaire Alstom, le gouvernement aura touché le comble de l’incompétence et du ridicule. Non seulement le ministre de l’Économie a encore une fois trop parlé. Il a même pour justifier sa méconnaissance du dossier reproché à Patrick Kron le PDG d’Alstom, de ne pas l’avoir informé… Pire, il l’a accusé de lui avoir dissimulé l’information. On rêve, ou on est au cirque. Mais ce n’était pas son job que de le faire.
Le principal actionnaire d’Alstom, Martin Bouygues n’a pas cessé de voir Arnaud Montebourg pour essayer d’arracher SFR à vivendi. Peine perdue. Vivendi n’a pas vendu à Martin Bouygues en dépit des menaces du ministre de l’Économie. Cela dit, on a du mal à imaginer que les deux hommes n’aient parlé que de SFR. Ils se sont vus sans discontinuer pendant deux mois. Ils ont parlé de quoi ? De TF1… sans doute mais pas seulement. Passons.
Le plus grave dans cette affaire c’est que le gouvernement n’ait aucune solution alternative autre que d’appeler au dernier moment Siemens pour laisser entendre qu’il y aurait une solution européenne. Sauf que tout le monde sait que Siemens ne peut pas s’entendre avec Alstom depuis des lustres et qu’en plus, la commission de Bruxelles aurait sans doute retoqué un projet de rapprochement entre Siemens et Alstom pour abus de position dominante.
Des solutions alternatives, il y en avait pourtant. Et si le gouvernement s’était senti concerné par ces questions de politique industrielle, il aurait forcément trouvé quelques experts à Bercy qui ont planché sur le dossier. Il suffisait de se poser les bonnes questions. Pas besoin de mettre des micros dans le bureau de Patrick Kron.
Première question : Pourquoi fallait-il adosser Alstom a une grande entreprise internationale ? Après tout Alstom vivait seule jusqu’à maintenant. Certes, mais Alstom était décidément trop petit pour affronter les grands marchés émergents sur le rail (TGV) comme sur l’énergie. Trop petit pour assumer la concurrence. Trop petit et trop spécialisé pour supporter des endettements croissants. La production Alstom nécessite des financements clients très lourds. Le rail comme les turbines qui produisent l’énergie ont des cycles de production très longs. Entre la commande et la livraison, il faut tenir un an, voire deux. Il faut donc financer ce cycle. Surtout que les clients sont souvent des clients publics. Ils paient mal. Sans compter les besoins de financement pour l’investissement industriel. Alstom a toujours eu un problème d’endettement, et a toujours cherché à s’adosser à un groupe qui pouvait amortir ce besoin de financement. Le rapprochement avec Siemens était compliqué parce que les deux groupes sont dans la même situation ; ils produisent la même chose. Le rapprochement avec General Electric parait beaucoup plus cohérent parce que GE est un conglomérat dont les activités lui permettent de mutualiser les besoins de financement. GE a les moyens de répondre au problème d’Alstom sans casse sociale. Bien au contraire.
Deuxième question, Martin Bouygues n’est-il pas vendeur de sa participation.La réponse est oui. C’est l’autre raison qui explique la nécessite de trouver un partenaire, la décision de Bouygues de revendre sa participation dans Alstom a été prise de longue date. Cette participation n’avait pas de sens pour Bouygues qui risquait de perdre beaucoup. Bouygues possède 29,6 % et difficile de vendre un tel paquet sur le marché. Il fallait donc trouver un acheteur.
GE répond aux deux questions. Il apporte une stratégie industrielle et une solution de liquidité à Bouygues. Maintenant, si l’état avait été habité par cette préoccupation de politique industrielle, il avait des schémas disponibles. Les projets existaient depuis des mois à Bercy. Aucun politique ne s’en est emparé.
Le projet le plus abouti qui est dans les cartons de Bercy, se déroule en trois étapes.
Première étape : Puisque Martin Bouygues voulait vendre, ce qui n’était un secret pour personne, l’État français pouvait très bien racheter à titre provisoire et libérer Martin Bouygues. Dans ces conditions l’État pouvait alors piloter un projet d’adossement.
Deuxième étape : L’intérêt d’Alstom n’étant pas d’aller dans les bras de Siemens, l’État français pouvait lancer un appel à candidature dans le secteur du rail ou de l’énergie. Il y a en Europe plusieurs groupes industriels qui auraient été intéressés.
Cette opération de Monopoly n’était pas très éloignée de celle que Nicolas Sarkozy voulait initier entre Bouygues, Alstom, EDF et Areva. Nicolas Sarkozy voulait créer un groupe mondial spécialisé dans l’énergie nucléaire (et pas seulement). La pression politique et la crainte de se voir accusé de favoriser un de ses amis la paralyse. La crise aussi est passée par là et a écrasé cette sorte d’imagination. N’empêche que le projet industriel tenait la route et que c’est la politique qui l’a tué.
Le gouvernement aurait pu reprendre cette même logique. Les services d’EDF ont d’ailleurs planche sur cette opportunité en l’élargissant à l’Europe toute entière. Il y a en Allemagne et en Italie des groupes qui cherchent comme Alstom une taille critique pour partir à l’assaut du marché chinois. On aurait pu créer une sorte d’Airbus de l’énergie.
Alors pourquoi, le gouvernement n’a-t-il rien préparé ?
Parce que pendant un an il ne s’est occupé de rien sur le front de l’économie. Parce que la gauche a cru que les patrons étaient tous des voyous et qu’il ne fallait surtout pas les fréquenter. Parce que la France n’avait pas de politique énergétique, elle n’en a toujours pas. Et enfin, parce qu’il n’y a sans doute plus la compétence nécessaire dans les cabinets ministériels.
La PMA « plus à l’ordre du jour ». Mais…
La PMA « plus à l’ordre du jour ». Mais…
Reçus tour à tour lundi par le nouveau secrétaire d’Etat à la Famille, les AFC, La Manif pour tous et l’Avenir pour tous se sont unanimement félicités de l’abandon – provisoire ? – de la PMA comme de l’ouverture d’un dialogue avec le gouvernement. Mais ce « tournant », ainsi que l’a appelé Ludovine de la Rochère, ne doit pas dissimuler l’inflexibilité du pouvoir socialiste sur un certain nombre d’autres points hautement néfastes de son projet.
Certes, la PMA n’est « plus à l’ordre du jour ». Mais Rossignol a rejeté la demande LMPT de « tirer les conséquences » de cet engagement et de dessaisir le Comité consultatif national d’éthique de la question. Comme elle a également décliné la demande de retrait de la circulaire Taubira qui facilite l’obtention d’un certificat de nationalité française aux enfants nés à l’étranger de mère porteuse, s’engageant seulement « à faire un état des lieux sur le territoire des sites qui proposent la GPA ».
Enfin, concernant la proposition de loi PS-EELV sur « l’autorité parentale et l’intérêt de l’enfant », qui reprend certains aspects du projet de loi sur la famille reporté sine die en février – comme l’absurde « statut de beau-parent » –, si Rossignol a assuré qu’il n’y aurait pas de statut rigide du beau-parent, Ludovine de la Rochère a confié craindre tout de même, et à juste titre, « une première étape vers la multiparentalité ».
Bref, ont expliqué les responsables LMPT, malgré des antagonismes profonds, « nous avons essayé de trouver des points d’accord sur certains sujets ». Sans manquer toutefois de rappeler : « La Manif pour tous reste en alerte et se tient prête à redescendre dans la rue. »
Schneider, Lafarge, Alstom… Quand trois poids lourds du CAC40 quittent la France
En deux mois, trois énormes poids lourds de l’économie française auront choisi de quitter la France. Après Schneider, le Français champion du monde de l’équipement électrique qui avait l’an dernier déménagé son board en Asie, après Publicis et Lafarge, c’est Alstom qui va s’expatrier aux USA… Tout cela aurait pu être évité.
L’expatriation des centres de décisions n’est absolument pas une fatalité. Elle n’est pas la conséquence directe de l’internationalisation ou de la mondialisation de l’économie … Au contraire , la concurrence mondiale, la mobilité géographique sont des formidables facteurs de progrès économique et social pour tout le monde, pour les pays émergents comme pour les pays développés, cette mondialisation ne passe pas forcément par l’expatriation des centres de décisions et de pouvoir. Or, la perte des centres de décision c’est, à terme, des pertes d’emplois supplémentaires des occasions manquées d’investissement-recherche et par conséquent du chômage
Schneider, numéro un mondial de l’équipement électrique, avait provoqué une vague d’émotion lorsque les dirigeants avaient annoncés leur décision de délocaliser leur board à Hong Kong. Émotions vite oubliées sous le talent des communicants de l’entreprise. L’annonce du déménagement de Publicis après son mariage avec un américain n’a pas fait plus de bruit. La fusion de Lafarge, Français numéro un mondial du ciment avec un Suisse avait même été salué par un concert de satisfaction. Bien joué disait les journaux financiers. Bien joué en effet, sauf que la direction générale quittera la France pour aller en Suisse.
La perspective de perdre Alstom, fleuron en Europe de l’industrie ferroviaire et de l’énergie crée un peu plus de remous dans la classe politique. Il faut dire qu’en deux mois, la France aura vu partir trois entreprises du CAC 40.
Ce n’est pas de l’expatriation, c’est une débâcle. On comprend que certains en appellent à des mesures de protections ou à des interventions de l’État.
La vérité c’est qu’interdire de telles mobilités serait encore pire que le mal que l’on cherche à freiner. Il faut simplement accepter de faire un constat et de se poser une question.
Le constat est simple. La délocalisation et le déménagement des sièges sociaux ne sont pas la conséquence de la concurrence mondiale. Les Américains, les Allemands, les Anglais, les Italiens, les Chinois, les Indiens sont des acteurs mangeurs de l’économie mondialisée. Les centres de production ont certes tendance à bouger plus qu’il y a dix ans mais pour se rapprocher des centres de consommation ; Sinon, les centres de décision restent prêts de leur origine et de tout ce qui a fait leur ADN. Donc les départs français ne sont pas incontournables. Les sièges sociaux allemands, anglais ou américains ne déménagent pas.
La question est aussi simple : pourquoi nos centres de décision déménagent-il ?Si on interroge les directions générales de grandes entreprises françaises, on obtient trois séries de raisons :
Premièrement, les centres de décisions déménagent parce que l’écosystème français n’est pas favorable à l’entreprenariat, à l’innovation et à la création de richesse. Le système social est trop compliqué, trop lourd. Il est surtout trop fluctuant. Les rapports avec l’administration sont invivables. Et très récemment on reproche à l’administration et aux cabinets ministériels leur incompétence en matière économique.
Deuxièmement, les centres de pouvoir déménagent parce que le poids de la fiscalité est décidément et globalement trop lourd. Ce qui dissuade complétement les cadres dirigeants de continuer à travailler sous fiscalité française. Ajoutons à cela que les marges nettes étant trop faibles, la rentabilité des investissements est dissuasive.
Troisièmement, les centres de décisions partent parce qu‘ils n’ont pas d’horizon. Le pouvoir politique exerce un contrôle tatillon et inutile mais ne trace aucune ligne directrice quant à la politique industrielle, les transports, le logement, l’énergie. Le chef d’entreprise a besoin de phares à longue portée. Le gouvernement n’a que des feux de croisement dont la portée ne dépasse pas le 7e arrondissement de Paris, celui du pouvoir politicien.
Les seules directions qui dans les entreprises n’envisagent pas de partir à l’étranger, ce sont les directions de recherche et cela grâce au crédit d’impôt recherche. La mesure structurelle sans doute la plus intelligente qui ait été prise en France depuis dix ans. Ce crédit d’impôt recherche enracine les services de recherche français sur l’Hexagone et attire les services étrangers. Le problème, c’est que les chercheurs eux-même rechignent à rester en France pour cause de fiscalité individuelle trop lourde. Pour les garder il faut donc les surpayer. C’est assez étonnant, mais le crédit d’impôt- recherche attire des services de recherche dont il faut surpayer les chercheurs.
En dehors de cette exception que constituent les services de recherche, le reste de l’entreprise est en partance. C’est terrifiant ce qui se passe, parce qu’une fois ce patrimoine parti, il nous restera des musées. La France le pays des musées. Beau programme.
mardi 29 avril 2014
Comment ferons-nous nos courses en 2025 ?
Magasins connectés et pluridisciplinaires, petites enseignes coincées entre deux quais de métros… Des membres du comité scientifique du grand projet d'Auchan, Europacity, nous ont donné des pistes pour imaginer notre façon de faire des emplettes dans dix ans.
«Avec l'utilisation massive d'Internet, nous vivons le même genre de période que lorsque nous avons découvert la voiture, le train, et l'électricité en même temps»: François Bellanger est directeur du «think tank» TransitCity et siège au comité scientifique d'Europacity, le projet pharaonique d'Auchan qui vise à bâtir une grande ville commerçante mêlant loisirs, culture et consommation. Selon lui, la façon de faire nos courses devrait énormément évoluer dans les prochaines années, en suivant notamment deux grands axes.
L'un consisterait à gagner du temps, grâce à la proximité (de multiples petites enseignes ouvriraient partout), au transit (avec ledrive-in et des magasins dans les gares ou les stations de métro) et enfin grâce aux achats sur Internet. L'autre axe consisterait, à l'inverse, à «valoriser l'expérience» de l'achat. François Bellanger prend ainsi l'exemple des stades de foot pleins à craquer, malgré l'offre abondante de chaines spécialisées qui retransmettent les matches: «il va simplement falloir de plus en plus justifier le déplacement», explique-t-il.
Photo Patrick Kovik |
De la même façon que les commerces de proximité qui baissaient le store au déjeuner et après 19h ont subi l'exode de leurs clients, et notamment des femmes qui travaillent, vers les grandes enseignes et les hypermarchés, certains acteurs de la distribution devraient «disparaitre» s'ils ne se réinventent pas rapidement face à la concurrence du web. Un point sur lequel rebondit Stéphane Distinguin, président de FaberNovel et également consultant pour Europacity: «Il faut recréer la magie du commerce, des souks et des bazars», explique ce dernier.
L'interface des magasins devrait donc se modifier peu à peu. Première possibilité: celle de pousser, bientôt, nos caddies dans des rayons... hyper-connectés. «Que ce soit avec un smartphone, des Google Glass ou un système de bracelets connectés, on peut très bien imaginer de multiples capteurs et une intelligence ambiante qui permettraient aux centres commerciaux de se recentrer sur l'expérience du consommateur», détaille Stéphane Distinguin. Ainsi, à partir de profils «type» de clients, la grande surface pourrait s'adapter en fonction des différentes périodes de l'année ou même des heures de la journée. Un processus qui rappelle celui déployé à Disney World, à Orlando.
Deuxième point: le décloisonnement des univers. Alors que sur Internet, le consommateur peut passer de la mode au bricolage en une requête sur Google, François Bellanger insiste sur le fait que de nombreux magasins vont devoir s'évertuer à «offrir plus» à leur client. Stéphane Distinguin ne dit pas autre chose: «On ne peut pas imaginer un monde sans contact. Mais il va falloir ré-imaginer le monde physique en s'inspirant du web, notamment en ce qui concerne la porosité des univers» visités, assure-t-il. D'autant plus que jusqu'à présent, les dernières innovations (du drive-in à la commande sur Internet) détruisent toutes l'achat d'impulsion - les fameux chewing-gums aux caisses -, une manne pourtant fondamentale dans la distribution.
Enfin, chaque enseigne devrait chercher différents moyens de rajouter des «facteurs d'expérience» forts: espaces de vente temporaires, mixité sociale, cadres originaux… «La question à se poser est: que ne peut-on pas dématérialiser?», explique Stéphane Distinguin. Au point de transformer son magasin en parc d'attraction? Réponse de François Bellanger: «Vous savez, après tout, Disneyland n'est qu'un centre commercial qui ne dit pas son nom...».
Les astérisques perdus de Manuel Valls
Les astérisques perdus de Manuel Valls
Dans sa lettre aux députés avant le vote sous tension du programme de stabilité, Manuel Valls évoque un « moment de vérité ». Pour qu’il soit total, l’Opinion publie les astérisques oubliés de la missive du Premier ministre.
-« La confiance réciproque, c’est la condition de notre unité ». (*) : « Chers amis, je n’ignore pas que notre parti n’a cessé depuis Léon Blum d’être tiraillé entre deux gauches, l’orthodoxe et l’utopiste. En onze ans de synthèses acrobatiques à la tête du PS, François Hollande n’a pas su organiser notre « Bad Godesberg ». Nous sommes le dernier parti socialiste d’Europe réfractaire à la politique de l’offre. C’est ce lourd héritage que je gère aujourd’hui »
-« Le pouvoir d’achat, c’est la priorité aux plus modestes ». (**) « C’est d’abord la priorité à l’emploi. Mais il est plus aisé de redistribuer que de créer les conditions de l’emploi »
-« Que l’effort soit équitablement partagé. C’est la justice sociale ». (***) : « Sous couvert de justice, mon prédécesseur a organisé le plus grand rapt jamais vu sur les classes moyennes. On sait ce que nous a coûté le ras-le-bol fiscal… Cette année, nos compatriotes paieront 12 milliards de plus. Attention de ne pas rater avec le rabot ce que nous avons loupé avec les impôts »
- « Vous avez insisté sur la situation des fonctionnaires ». (****) : « Sarkozy en voulait moins, mieux rémunérés ; nous davantage – cas unique… au monde ? – moins bien payés. Soyons réalistes : nous préparons l’appauvrissement général de l’Etat »
- « Ce rendez-vous majeur nous oblige à nous dépasser ». (*****) : « Chers amis, prenons garde de ne pas être dépassés en défendant une idéologie du passé ».
Popularité : François Hollande au plus bas, Alain Juppé au plus haut
La popularité de François Hollande dégringole de sept points au mois d'avril, tombant à 21%, niveau le plus bas depuis son élection en mai 2012, alors que 52% ont une bonne opinion de Manuel Valls, selon le baromètre mensuel de BVA réalisé pour Orange, L'Express, la presse régionale et France Inter.
76% des Français estiment que "la politique menée par François Hollande et le gouvernement" n'est pas juste, 23% pensant le contraire et 1% ne se prononçant pas.
Pire encore, 86% trouvent que cette politique n'est pas efficace, 11% partageant l'opinion inverse et 3% étant sans opinion. Au classement des personnalités selon leur cote d'avenir, aucune personnalité de gauche ne figure dans les sept premiers. Avec 56% des personnes interrogées (+ 3) souhaitant qu'il exerce "davantage d'influence dans la vie politique française", Alain Juppé est très loin devant tous les autres. Il est suivi de François Bayrou (+ 3) et François Baroin (stable) avec 39% chacun.
Nicolas Sarkozy est en quatrième position (37%, sans changement). François Fillon est à 35%, Jean-François Copé à 16%. A gauche, Laurent Fabius (33%, +2) est huitième et premier des socialistes, devant Martine Aubry (32%, - 1).
Le maire de Bordeaux est le préféré de l'ensemble des Français comme candidat de l'UMP pour la présidentielle de 2017 (35%, contre 23% à Nicolas Sarkozy). Mais Nicolas Sarkozy reste le favori de 51% des sympathisants de l'UMP, bien qu'il perde 14 points et qu'Alain Juppé en gagne 9, à 31%.
Parmi les partis politiques, l'UDI est celui qui a la meilleure image (51% en ont une bonne opinion), devant le MoDem (48%) et l'UMP (39%). 29% seulement ont une bonne opinion du PS et de EELV.
S'agissant du Front national, ils ne sont que 23%. Enfin, la crédibilité de l'UMP se redresse légèrement. 40% (+ 1) pensent qu'elle ferait mieux que le gouvernement actuel, 19% seulement (-8) qu'elle ferait moins bien. Pour 39% (+ 6), elle ferait "ni mieux ni moins bien". Sondage réalisé les 24 et 25 avril auprès d'un échantillon de 987 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Méthode des quotas. Marge d'erreur variant entre 1,4 et 3,1 points.
Pire encore, 86% trouvent que cette politique n'est pas efficace, 11% partageant l'opinion inverse et 3% étant sans opinion. Au classement des personnalités selon leur cote d'avenir, aucune personnalité de gauche ne figure dans les sept premiers. Avec 56% des personnes interrogées (+ 3) souhaitant qu'il exerce "davantage d'influence dans la vie politique française", Alain Juppé est très loin devant tous les autres. Il est suivi de François Bayrou (+ 3) et François Baroin (stable) avec 39% chacun.
Nicolas Sarkozy est en quatrième position (37%, sans changement). François Fillon est à 35%, Jean-François Copé à 16%. A gauche, Laurent Fabius (33%, +2) est huitième et premier des socialistes, devant Martine Aubry (32%, - 1).
Le maire de Bordeaux est le préféré de l'ensemble des Français comme candidat de l'UMP pour la présidentielle de 2017 (35%, contre 23% à Nicolas Sarkozy). Mais Nicolas Sarkozy reste le favori de 51% des sympathisants de l'UMP, bien qu'il perde 14 points et qu'Alain Juppé en gagne 9, à 31%.
Parmi les partis politiques, l'UDI est celui qui a la meilleure image (51% en ont une bonne opinion), devant le MoDem (48%) et l'UMP (39%). 29% seulement ont une bonne opinion du PS et de EELV.
S'agissant du Front national, ils ne sont que 23%. Enfin, la crédibilité de l'UMP se redresse légèrement. 40% (+ 1) pensent qu'elle ferait mieux que le gouvernement actuel, 19% seulement (-8) qu'elle ferait moins bien. Pour 39% (+ 6), elle ferait "ni mieux ni moins bien". Sondage réalisé les 24 et 25 avril auprès d'un échantillon de 987 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Méthode des quotas. Marge d'erreur variant entre 1,4 et 3,1 points.
lundi 28 avril 2014
Alstom : la presse américaine moque l'interventionnisme français
Le ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, s'implique dans l'offre de rachat de l'américain General Electric sur une division du français Alstom. Un «patriotisme économique» pas toujours bien compris outre-Atlantique.
«Un retour à la France de l'après-guerre», «de mauvais signaux envoyés aux investisseurs étrangers»… L'implication du gouvernement français dans le dossier Alstom n'a pas bonne presse outre-Atlantique. Dans un article du Wall Street Journalintitulé «La nouvelle proposition de Siemens sur Alstom perturbe l'offre de General Electric», la journaliste Stacy Meichtry qualifie l'implication d'Arnaud Montebourg de «dirigisme» - en français dans le texte.
Dr tofol |
Le célèbre quotidien des affaires explique que «jeudi, à son arrivée à Paris après un séjour aux États-Unis - où il s'apprêtait à conclure un accord avec General Electric pour lui céder la division énergie d'Alstom -, le PDG d'Alstom, Patrick Kron, a reçu un message urgent en provenance de Bercy. Arnaud Montebourg a sommé le dirigeant de 60 ans de se rendre immédiatement au ministère pour lui expliquer pourquoi Alstom avait engagé des négociations sans le tenir informé». Le ministre de l'Économie aurait indiqué au patron qu'«aucun grand accord ne peut se produire sans son accord», ajoute le quotidien.
Des manœuvres qui étonnent le Wall Street Journal. Le quotidien écrit que «malgré les efforts du président Hollande pour ranimer l'économie anémiée de la France avec des baisses de taxes et d'autres mesures favorables aux entreprises, un des membres de son gouvernement reste fermement ancré dans un dirigisme (en français dans le texte), c'est-à-dire un contrôle étatique de l'économie qui caractérisait la France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale». Le célèbre journal économique explique que «l'interventionnisme d'Arnaud Montebourg est motivé par l'idée selon laquelle un gouvernement a le devoir d'interférer dans les affaires des entreprises - même si l'État n'est pas présent au capital de ces dernières - lorsque des emplois sont en jeu».
Une stratégie mal comprise outre-Atlantique. De fait, «à l'heure où les pays déroulent le tapis rouge aux entreprises pour attirer les entreprises les plus innovantes sur leurs côtes, la France se demande encore comment repousser les prétendants étrangers», écrit le Wall Street Journal. Le quotidien fait ainsi implicitement référence à la déclaration du premier ministre britannique. Peu après l'élection de François Hollande, David Cameron s'était en effet dit prêt à «dérouler le tapis rouge» aux entreprises françaises qui fuiraient l'Hexagone pour la Grande-Bretagne en raison de l'augmentation des impôts voulue par François Hollande.
Le Wall Street Journal rappelle en outre la tentative avortée de Yahoo! pour mettre la main sur Dailymotion. «M. Montebourg a fait échouer les négociations, châtiant ainsi le géant américain du Web», écrit le quotidien… Des faits qui «envoient de mauvais signaux aux investisseurs, qui se découragent», affirme Philippe Aghion, professeur d'économie à Harvard, interrogé par le quotidien.
Une opinion partagée par le média financier CNBC, pour qui la France est coutumière du fait. «Les différents gouvernements français ont tous tenté de bloquer des offres de reprises en provenance d'étrangers, en prétextant qu'il s'agissait de groupes stratégiques pour le pays.»
De son côté, Forbes écrit que «la France est notoirement connue pour être un pays retors envers les acheteurs étrangers». Le magazine rappelle en outre que General Electric avait déjà voulu mettre la main sur une division du géant du nucléaire français Areva en 2010, en vain. Une réorganisation nationale avait eu les faveurs de l'État, souligne le journal, avec une partie du pôle convoité rachetée par Alstom et l'autre par Schneider Electric. Dans son empressement, le très sérieux quotidien a toutefois revu et corrigé le patronyme du ministre incriminé: Arnaud Montebourg devient Arnaud Mounteborg! Le nom du ministre est cité pas moins de quatre fois et, à chaque fois, il est rigoureusement mal orthographié…
Une précipitation qui fait également oublier à la presse américaine que l'État fédéral n'est pas toujours extérieur au monde des affaires. La polémique qui avait entouré l'attribution du contrat des ravitailleurs à Boeing au détriment d'Airbus démontre que la politique peut parfois faire bon ménage avec le milieu des affaires aussi aux États-Unis…
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