vendredi 13 décembre 2013
Arnaud Montebourg, ou l’anti-manuel d’économie
Il faut vraiment défendre une vision totalement figée de l’économie pour avoir l’idée, comme Arnaud Montebourg, de démolir la stratégie d’une entreprise au prétexte qu’elle ne vendrait pas assez cher ses produits. C’est pourtant ce que vient de faire le ministre du Redressement productif en reprochant à Free d’inclure gratuitement la 4G dans son forfait de base, au motif que les concurrents risquent de ne pas pouvoir suivre cette offre et d’être contraints de réduire leurs coûts, et leurs effectifs.
On sait donc désormais qu’un des ministres clef de Bercy défend cette thèse saugrenue que la concurrence, même franco-française, est nuisible à l’emploi, que l’innovation est dangereuse pour l’économie, et que les consommateurs ne sont pas là pour profiter des baisses de tarifs mais doivent accepter le principe de subventionner l’emploi par des prix élevés.
On peut très bien ne pas apprécier la personnalité de Xavier Niel, son côté trublion : il est sûrement très agaçant pour beaucoup (dont ses concurrents) et très incontrôlable aux yeux de tous (dont les ministres). Mais entre, d’un côté, quelqu’un qui a créé à la longue des milliers d’emplois, un des rares Européens à avoir généré de toutes pièces un business à plusieurs milliards d’euros, un acteur de la nouvelle économie qui a fait de la compétitivité une arme de conquête redoutable, et de l’autre, un prince du discours, une sorte d’anti-manuel d’économie plus concerné par la défense de secteurs de l’industrie du XXe siècle que par la promotion de celle du futur, plus actif dans la stigmatisation des patrons en difficulté que dans l’accompagnement des entreprises en conquête, le choix est vite fait. Arnaud Montebourg est un bretteur sans pareil, un promoteur emphatique de ses causes. Dommage que ses combats soient le plus souvent mauvais pour notre économie.
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