TOUT EST DIT

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samedi 12 octobre 2013

Les atteintes à la nature sont aussi des crimes contre l'humanité


La guerre est le pire des fléaux. Nous le savons tous car, aux morts qu'elle inflige, s'ajoutent les haines entre les hommes. On a essayé de limiter l'atrocité de la guerre. On a rédigé des conventions pour la sauvegarde des prisonniers, pour respecter et soigner les blessés. On a créé des tribunaux pour sanctionner les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité. Malheureusement, la guerre reste la guerre... en Syrie, en Irak et ailleurs, sous des formes différentes qui ne sont pas moins destructrices.
Mais il est moins courant de réfléchir aux dégâts causés par la guerre à l'environnement. On a constaté combien les destructions d'équipements, d'habitats, d'infrastructures peuvent être considérables, mais on oublie trop souvent les désastres causés par la guerre à notre mère à tous : la nature. « Ces dégâts environnementaux perdurent bien après les conflits, au détriment des populations, des agricultures vivrières, de la faune et de la flore », explique Claude-Marie Vadrot, auteur du livre Guerre et environnement (1). Il évoque les forêts détruites par la défoliation, des palmeraies empoisonnées par des ingrédients chimiques privant la population concernée de cette ressource.
De plus, certains types d'armes comme les obus ou les bombes à uranium enrichi contaminent pour longtemps les zones où elles ont été utilisées. N'oublions pas non plus les mines avec leurs sous-munitions qui se dispersent sur de vastes étendues et tuent encore bien après leur largage, empêchant les paysans de cultiver leurs terres.
Identifier et condamner les crimes contre la nature
Et la mer ? Qu'on songe à la sévérité, tout à fait justifiée d'ailleurs, avec laquelle on juge et condamne les commandants de navires qui dégazent au large. Quand on constate les ravages des marées noires, on peut imaginer ce qu'un conflit avec des batailles en mer entraîne comme pollutions. Les navires coulés restituent, tôt ou tard, le carburant de leurs soutes, sans parler des cargaisons entières de produits pétroliers répandus en mer lorsque leur transporteur est coulé.
On voit combien nous sommes négligents vis-à-vis de la planète, devenue si petite que l'on en connaît tous les coins et les recoins et aussi presque toutes les richesses qu'elle nous réserve pour l'avenir, si du moins nous ne les gaspillons pas par nos folies consommatrices et nos imprudences guerrières.
Malheureusement, aux condamnations des crimes contre l'humanité, nos instances internationales n'ont pas encore ajouté la condamnation des crimes contre la nature qui ont pourtant des conséquences sur l'humanité vivant aujourd'hui et sur celle qui nous succédera demain.
On le voit, l'Organisation des nations unies (Onu) et l'Union européenne ont encore beaucoup à inventer en ces domaines. Plutôt que de les décrier, incitons-les à progresser sur ces chemins où se joue l'avenir de l'humanité. Comme l'a fait hier l'Académie d'Oslo en décernant son prix Nobel de la Paix à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
(1) Éditions Delachaux et Niestlé ; Libération, 9 octobre.

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