mercredi 18 septembre 2013
L'UMP dans le piège du FN
Quelle mouche a donc piqué François Fillon pour aller jusqu’à placer le PS et le FN sur le même plan du sectarisme ? Qu’est-ce qui peut le pousser à apporter, le cas échéant, ses voix à Marine Le Pen, lui qui était peu suspect de manigancer des alliances diaboliques ?
Première explication : pour concourir en 2017, François Fillon doit gagner la primaire. Il mesure la porosité croissante entre les électorats de droite et d’extrême droite. Pour avoir manqué la présidence de l’UMP, l’ex-Premier ministre sait qu’il doit d’abord séduire les militants et sympathisants. Les sondages l’y encouragent : les troisquarts souhaitent normaliser la relation avec le FN.
Concurrencée par un centre qui se requinque et un FN qui engrange, l’UMP n’a en outre ni bilan ni projet assez convaincant pour reconquérir seule le pouvoir. Pire, menacée d’implosion, elle court le risque de devenir un partenaire minoritaire.
Autrement dit, de la même manière qu’un socialiste gauchit son discours au premier tour, avant de l’élargir au second, l’ancien Premier ministre dramatise le sien pour franchir les éliminatoires, avec sans doute l’idée de se recentrer ensuite pour rassembler.
Seconde explication : François Fillon a coutume de rappeler qu’en 1940 le général de Gaulle ne demandait ni leur CV ni leur couleur politique à ceux qui voulaient s’engager pour la France. Manière de dire qu’il s’adresse aux électeurs, non aux appareils.
Qu’il s’agisse des déçus de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy, des populistes de tout poil ou des résignés de la politique, il veut canaliser les colères et relever les défaitismes, en dépassant les clivages classiques.
Noble intention. Mais la fin, même validée par sa base, justifiet- elle les moyens ?
Première erreur, on ne répond pas à une question idéologique par un trait de caractère. Des personnes sectaires, il en existe partout, même à… l’UMP ! Ca n’a aucun sens politique de préférer un gentil à un intolérant. Un extrémiste souriant serait plus fréquentable qu’un réformiste au sale caractère ? Le parti sarkozyste s’enferre dans un débat déraisonnable.
Deuxième erreur, cette approche installe le FN au centre du jeu. Marine Le Pen n’en attendait pas tant. François Fillon a beau dire – ce qui est exact – que son projet serait une catastrophe économique pour les Français, cette respectabilité inespérée brise une digue qui menace l’UMP et au-delà.
Car, troisième erreur, François Fillon prend le risque d’un éclatement de la droite. On n’imagine pas des Européens aussi convaincus que François Bayrou et Jean-Louis Borloo cautionner des valeurs et un projet aux antipodes. On ne conçoit pas que les modérés de l’UMP, les ex- UDF surtout, avalisent pareille dérive. Il a bonne mine, Jean-François Copé, de reprocher à François Hollande de s’allier avec l’extrême gauche !
Pour autant, la droite, voire la gauche à cause de la fuite des déçus du hollandisme, n’échapperont pas au problème posé par François Fillon. Auxmunicipales, le FN va imposer la question des alliances là où il empêchera l’un ou l’autre d’obtenir une majorité suffisante. Aux européennes, élection défouloir par excellence, le résultat risque d’être un choc.
Faudra-t-il perdre son âme pour ne pas perdre tout court ? Certains disent que la réponse devrait être dans la question.
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