lundi 9 septembre 2013
"Hollande a présumé de ses forces pour la Syrie"
"Hollande a présumé de ses forces pour la Syrie"
Quel besoin François Hollande avait-il donc de se fourrer dans le piège, dans le guêpier syrien ? Sans doute, et au pire, un besoin de reconnaissance, d'affirmation de soi-même propre à ces ambitieux qu'on a trop longtemps humiliés. Au mieux, un élan sincère d'indignation. Les deux peut-être. Rien n'est blanc ni noir. Si d'aventure les faits devaient lui donner raison, nous ferions amende honorable. Mais pour l'instant, il apparaît qu'il a présumé de ses forces et agi avec une excessive précipitation.
Car indignés, nous le sommes tous. Mais une action politique ne peut pas être uniquement fondée sur la morale. Cette conception vertueuse du gouvernement des hommes est éminemment respectable. Mais toute conduite morale est vaine, voire dangereuse, si elle ne s'accompagne pas d'une évaluation judicieuse des risques encourus et des moyens dont on dispose pour l'entreprendre, faute de quoi elle aboutit à un fiasco qui affaiblit le justicier.
Sa présomption a trahi Hollande. La prudence élémentaire lui imposait de s'assurer, avant de s'engager, des conditions indispensables au succès de son engagement. Avec qui s'engager ? Jusqu'où ? Et ensuite ? Le spectacle qu'il a donné de son isolement au sommet du G20 fait peine à voir, en dépit des efforts qu'il a déployés pour obtenir de quelques-uns de ses pairs, notamment européens, quelques gages symboliques qui lui permettent de sauver timidement la face. Mais il sort affaibli de cette épreuve, contraint à se soumettre à la loi de l'ONU après l'avoir jugée superflue et à celle d'Obama, en face d'un Poutine inflexible, d'une Merkel hostile et d'une Europe plus que jamais désunie. Il s'offre en cible privilégiée de la haine d'Assad et porte aux yeux du monde, en compagnie d'Obama, la responsabilité d'un éventuel embrasement du Moyen-Orient. C'est beaucoup...
Le peuple français désavoue cette aventure (ce rêve ?) Il le fait sans haine. Il le fait pour les motifs que nous venons de dire. Par raison. Par bon sens. Par prudence. Mais par impatience aussi. Car il attendait autre chose de François Hollande, il attendait que celui-ci remplît les promesses qu'il lui avait faites, il attendait tout simplement une amélioration de ses conditions de vie. Cela relève certes d'une ambition plus prosaïque que la sauvegarde de l'ordre mondial et le respect des droits de l'homme. Mais il s'agit aussi de droits légitimes et honorables, qui s'appellent l'emploi, le pouvoir d'achat, la sécurité...
On conviendra que ce gouvernement ne néglige pas les efforts à faire dans ces domaines. Mais son efficacité est jusqu'à présent assez peu probante. Ce ne sont pas ses intentions qui sont ici en cause, ce sont d'abord ses discours, très au point pour ce qui est de justifier louvoiements, contradictions, ajournements et tumultes internes. Ce sont ensuite ses choix politiques, à nos yeux contestables. C'est surtout une confusion dans l'action, celle-ci perçue comme opportuniste, désordonnée, hâtive et non hiérarchisée. On va prendre un exemple qui est d'actualité brûlante et qui concerne la sécurité : la situation à Marseille.
Comment s'étonner que les Français aient le sentiment que le président de la République porte plus d'intérêt à Damas qu'à Marseille ? Si son souci est d'éviter que le FN nea s'enracine à Marseille, que ne fait-il ce qu'il faut ? Est-ce que la sécurité ne figurait pas comme une priorité après l'emploi et le pouvoir d'achat dans son programme ? Est-ce que le rétablissement de l'ordre à Marseille n'était pas et depuis longtemps une urgence absolue ? Est-ce que les socialistes ne connaissaient pas mieux que personne les données du problème posé par Marseille ? Est-ce qu'ils ont utilisé les moyens propres à trancher dans le vif de ce problème, s'agissant aussi bien du marasme économique et social de la ville que de la corruption, causes majeures de l'anarchie qui y règnent ? Ne se sont-ils pas contentés de répondre ponctuellement à chaque fait divers meurtrier par le discours, l'affichage et l'esbroufe ? Fallait-il attendre seize mois, essentiellement consacrés à dénoncer la responsabilité de la droite, pour proposer un "pacte national", manoeuvre dérisoire d'opportunité politique à six mois des municipales ? Est-il décent qu'à la réunion des élus marseillais samedi dernier aient participé deux personnalités socialistes, et non des moindres, poursuivies par la justice ?
Hollande et son gouvernement sont les auteurs de leur propre malheur. Le président de la République a montré trop d'arrogance et de prétention dans ses engagements et trop de désinvolture dans la conduite de sa politique. Léger dans l'affaire syrienne, pusillanime à Marseille : deux variantes de l'irresponsabilité. L'autorité exige le sérieux
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