jeudi 19 septembre 2013
Chancelière cherche partenaire
Chancelière cherche partenaire
Après deux mandats et une crise économique, il est un dirigeant en Europe qui jouit de plus de 50 % d'opinions favorables et s'apprête à être réélu. Le fait est assez rare pour être souligné. Il s'agit, bien entendu, d'Angela Merkel, la chancelière allemande, qui écrase tellement la scène politique Outre-Rhin que la campagne électorale qui s'achève en a été presque ennuyeuse.
Les raisons de cette longévité politique sont diverses. Merkel rassure l'électorat allemand. Elle incarne, par son style et ses choix, un vaste bloc social qui se reconnaît dans cette « chancelière normale ». Pas d'esbroufe. Beaucoup de méthode. Un opportunisme bien masqué. Un refus viscéral du dirigisme. Et puis une vision, sa seule politique réellement identifiable : la défense des intérêts allemands.
Ces composantes, Angela Merkel les a déclinées sur tous les modes depuis quinze ans. Depuis que la jeune militante venue de l'Est a « tué le père », Helmut Kohl, pour conquérir la CDU. Un à un, elle a éliminé ses adversaires internes. Un à un, depuis huit ans qu'elle gouverne, elle a oeuvré pour couper l'herbe sous le pied des autres partis.
En renonçant au nucléaire après Fukushima, elle a ôté aux Verts un solide fonds de commerce. En promettant pour demain un smic (non universel mais par branche et après négociation), elle a percé le seul ballon que les sociaux-démocrates espéraient lancer sur la campagne. Alors que les mini-jobs et la précarité soulèvent des interrogations, Merkel amorcerait un virage social pour son troisième mandat.
Pour surnager dans la crise, Merkel a surtout fait passer deux messages que l'opinion allemande souhaitait entendre. Primo, que la rigueur budgétaire est le garant de la stabilité des prix et de l'avenir d'un pays en chute libre démographique. Secundo, que si chaque pays de la zone euro balaie devant sa porte, la rue européenne est propre.
L'Europe attend
C'est très simple. Sans doute faux au regard de la responsabilité de la sphère financière dans la crise actuelle (y compris des banques allemandes qui ont bien profité du différentiel de taux avec les pays du Sud). Mais cela plaît. Ainsi, durant la crise, on a vu défiler les Conseils européens et à chaque fois le Bundestag devenir plus central.
Reconduite à moins d'un séisme, Merkel ne sait pourtant pas encore avec qui elle va gouverner. Ses alliés libéraux ont subi un revers historique en Bavière dimanche dernier. Ils pourraient ne pas passer le cap des 5 %, nécessaire pour entrer au Parlement.
Dès lors, suspense inattendu, le retour d'une Grosse Koalition, comme durant son premier mandat, est possible. L'autre inconnue du scrutin étant le score de deux petits partis. Les « Pirates » et surtout les eurosceptiques de l'Alternative pour l'Allemagne.
Faut-il s'attendre à un changement de politique européenne à Berlin ? À court terme, c'est peu probable. Durant la crise, le SPD a presque toujours voté les mesures de la Chancelière. Parfois plus que les libéraux eux-mêmes. Néanmoins, au sein d'une grande coalition CDU-SPD on peut penser (espérer ?) que les sociaux-démocrates auront à coeur de trouver des médiations, notamment avec Paris.
Toute l'Europe attend. Après le vote de dimanche et avant les européennes de mai 2014, il sera difficile pour Angela Merkel de ne pas brosser la vision de l'UE qu'elle entend défendre. Entre une plus grande intégration de la zone euro ou le repli national, on aimerait la voir, enfin, abattre ses cartes.
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