jeudi 6 juin 2013
L'étau se resserre
L'étau se resserre
Plus l'étau se resserre sur François Hollande, plus son double langage tourne à la schizophrénie. Ainsi reconnaît-il que la priorité doit être donnée à la compétitivité tout en remettant sur le métier la taxe à 75 % qui constitue un repoussoir pour le travail et l'investissement, la création d'entreprises et l'attractivité du pays. Socialiste à Paris le 23 mai lors de sa conférence de presse, le voilà social-démocrate à Leipzig le lendemain lors du 150e anniversaire du SPD, vantant l'Agenda 2010 du chancelier Schröder qu'il dénonçait naguère. À Rodez, le 29 mai, il fustige le diktat de la Commission européenne, qui, dans le cadre du traité budgétaire ratifié par l'actuelle majorité, détaille les réformes structurelles qui sont la contrepartie du report à 2015 de l'objectif d'un déficit budgétaire de 3 % du PIB. Cela pour plaider derechef à Paris le 30 mai, devant Angela Merkel, la création d'un gouvernement de la zone euro impliquant des engagements contraignants en matière d'équilibre des finances publiques et de compétitivité des entreprises.
L'incohérence de l'action gouvernementale a été mise au débit de la faiblesse du Premier ministre, d'une composition pléthorique et des rivalités entre les ministres. Elle découle en réalité de l'absence de ligne stratégique qui tient lieu de règle d'or à la parole présidentielle. Et cette contradiction permanente reflète la perte de tout contrôle devant le déclin national qui se transforme en débâcle.
Sur le plan économique, la récession est en passe de se muer en déflation, avec le blocage de tous les moteurs de l'activité du fait du choc fiscal. L'immobilier en est exemplaire, qui connaît un véritable krach non par la baisse des prix, mais par l'arrêt des transactions, avec à la clé l'apparition d'un stock de 100 000 logements neufs invendus alors que sévit une pénurie de 1 million de logements. Sur le plan social, le chômage s'emballe, touchant plus de 3,5 millions de personnes, ce qui n'empêche nullement la remise en cause du statut des 1,2 million d'autoentrepreneurs ou des emplois familiaux. Sur le plan financier, la miraculeuse faiblesse des taux d'intérêt appliqués à la dette publique française apparaît de plus en plus précaire. Elle ne résulte que du répit dans la crise des risques souverains obtenu par Mario Draghi à la tête de la BCE et plus encore des politiques d'expansion monétaire conduites aux États-Unis et au Japon, qui drainent des flots de liquidités vers l'euro surévalué.
Face à cette situation, la France ne dispose plus de sa souveraineté. L'effondrement de l'appareil productif et de la compétitivité ne lui permettra pas de bénéficier de la reprise qui se dessine aux États-Unis et au Japon et plafonnera la croissance autour de 0,5 % d'ici à 2017. La dette publique, qui atteindra 96 % du PIB en 2014, la place à la merci des marchés. Le passage à l'euro interdit de recourir à l'inflation ou à la dévaluation. Enfin, les engagements contraignants pris vis-à-vis de nos partenaires pour sauver la monnaie unique leur donnent un droit de regard et de contrôle sur la politique économique.
La France, par sa position internationale et son rôle clé dans l'Union européenne comme dans la zone euro, a volontairement soumis sa situation et sa politique économiques à des instances d'évaluation internes ou internationales. Pour la première fois dans l'histoire, le FMI, l'OCDE, l'Union européenne, la BCE, la Cour des comptes et la Banque de France aboutissent à des conclusions et des recommandations identiques. Constat commun : l'économie française est en train de s'effondrer du fait de sa sous-compétitivité, ce qui peut entraîner un nouveau choc ravageur et potentiellement mortel pour l'euro. Stratégie préconisée : l'étalement dans le temps de l'ajustement budgétaire en contrepartie de l'accélération des réformes structurelles qui doivent privilégier le redressement de la compétitivité, la libéralisation du marché du travail et la maîtrise des dépenses publiques. Actions prioritaires : le relèvement du taux de marge des entreprises grâce à la baisse des prélèvements ; la diminution du coût du travail ; le renforcement de la concurrence ; le démantèlement de la fiscalité confiscatoire ; la réforme de l'État et de la protection sociale.
La France ne dispose plus d'aucun artifice pour prolonger son modèle de décroissance à crédit. Et c'est François Hollande qui, de lui-même ou sous la contrainte des marchés et de nos partenaires, devra engager sa transformation. Son manège enchanté, fait de taxes, de nouvelles dépenses sociales, de retour à la retraite à 60 ans et d'embauche de 60 000 professeurs dont la Cour des comptes a montré la parfaite inutilité, est incompatible avec le redressement de la France et la survie de l'euro. Piégé par son déni de la crise qui lui interdit d'en imaginer la sortie, il doit se démettre ou se soumettre à l'agenda des réformes élaboré par les instances internationales et par nos partenaires européens.
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