lundi 24 juin 2013
La faillite des institutions
La faillite des institutions
La vie publique est faite tout autant de personnalités que d’institutions. L’actualité, la surface des choses, se focalise sur les personnes, le culte ou les scandales qui s’y attachent, mais on oublie tout ce qu’il y a derrière, en particulier le contexte institutionnel, socle de la vie politique. Or, nos institutions, qui paraissent définitivement acquises et au-delà de toute critique, sont aujourd’hui en faillite complète. Un système qui place au pouvoir une équipe pendant cinq ans, échappant à tout risque politique, toute mise en cause de sa responsabilité, quels que soient ses résultats, est profondément vicié. Il favorise la coupure entre le peuple et la classe dirigeante, la corruption, les politiques irresponsables, catastrophiques et obtuses. Un exemple : le plus haut dirigeant français annonce une amélioration de la situation de l’emploi d’ici la fin de l’année. En principe, dans un système qui fonctionne, s’il échoue à respecter une promesse de cette importance, de cette gravité, il doit être remercié. Or en France, aujourd’hui, il peut tout dire et tout faire, plonger le pays dans le chaos, il est assuré de rester en place pendant 5 ans. Les IIIème et IVème République (de 1875 à 1958), étaient rongées par une instabilité chronique. Le président du Conseil, responsable de l’action gouvernementale, changeait plusieurs fois en un an. En revanche, quand il réussissait, son mandat pouvait durer deux ou trois ans (Jules Ferry, Méline, Waldeck Rousseau, Poincaré)… Le système avait ses défauts mais aussi sa qualité de souplesse et d’adaptabilité. Notre Vème République est en revanche totalement sclérosée. Le détenteur du pouvoir, le véritable responsable du gouvernement, c’est-à-dire le chef de l’Etat, peut conduire le pays à l’abîme ; peu importe, il est inamovible pendant 5 ans. En démocratie, cette situation est tout simplement invraisemblable. Dans l’esprit de la Vème République telle qu’elle a été instaurée en 1958 par le général de Gaulle, les choses devaient se passer tout autrement. Il y avait un Chef de l’Etat arbitre, chargé de la politique étrangère, des grandes orientations, du destin de la nation, mais la politique au quotidien relevait de la responsabilité du Premier ministre, par exemple en matière de lutte contre le chômage ou l’insécurité. Or ce dernier était clairement responsable devant le Parlement qui pouvait le renverser (c’est arrivé une fois en 1962). Une politique aggravant la précarité, le chômage, l’insécurité, la division des Français pouvait être sanctionnée à tout moment. Mais nous le voyons bien, ce n’est pas du tout ainsi que les choses fonctionnent aujourd’hui : président inamovible, omnipotent et en charge de tous les dossiers, Premier ministre effacé, relégué au second plan, Parlement croupion, inféodé à l’exécutif par la logique du « parlementarisme majoritaire ». Le système politique est bloqué, nous conduit au précipice. J’ai toujours vécu, comme beaucoup de personnes, dans le culte de la Vème République créée par le Général de Gaulle. Or, la Vème République est gravement malade, totalement paralysée, presque moribonde. Elle n’a plus vraiment de rapport avec le régime mis en place par de Gaulle qui devait au contraire lui permettre de décider et de gouverner efficacement, en particulier pour mettre fin à la guerre d’Algérie. S’il reste un soupçon de lucidité dans ce pays, la priorité absolue du gouvernement qui sera issu de la prochaine alternance doit être de transformer en profondeur les institutions pour pouvoir diriger le pays : redéfinir les rôles entre le chef de l’Etat, chargé de l’intérêt national et le Premier ministre, seul responsable du gouvernement au quotidien, retour à un mandat présidentiel de 7 ans, restauration du rôle de contrôle du parlement, renouveler la démocratie directe en facilitant le recours au référendum, etc. Sinon, cela ne servira à rien, nous irons de catastrophe en catastrophe.
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