mercredi 12 juin 2013
Dsk et la "France d’en bas"
Dsk et la "France d’en bas"
L’image de dsk gravissant les marches du festival de Cannes, smoking, nœud « pap », tout sourire, vedette hollywoodienne, saluant la foule aux bras de sa nouvelle compagne, m’a laissé perplexe. Ce personnage, qui devrait être président de la République aujourd’hui, ce rend-il compte de la situation ? Deux ans auparavant, il était menotté, emprisonné, à New York le visage moribond, pour la sale affaire que l’on sait. Les premiers à l’accabler et à le traiter en pestiféré étaient ses propres amis. Aujourd’hui, le voilà triomphant sur la Croisette, comme si rien ne s’était jamais passé. Provocation ou inconscience ? Dans le premier cas, son expression jubilatoire signifie : « je sais ce que vous pensez, mais j’en ai rien à battre et me revoilà ! » Dans le second, l’ancien président du fmi est à côté de la plaque, étranger à la sensation de vertige que sa présence insolite en ce lieu et en de telles circonstances, suscite pour le commun des mortels. Cette hypothèse, la plus vraisemblable à mes yeux, reflète le drame politique de notre époque : le fossé d’incompréhension entre la classe dirigeante, les élites au sens large, et la population française, se traduisant par le rejet du politique et la montée des votes protestataires. La déconnection entre la « France d’en haut », médiatique, et le ressenti populaire atteint des niveaux historiques. Face aux souffrances quotidiennes du chômage de masse et de l’insécurité, une sorte de résignation fataliste tend hélas aujourd’hui à l’emporter chez les Français. En revanche, l’autosatisfaction et la morgue des puissants, tout comme les airs de contentement et la langue de bois méprisante, engendrent un climat de colère et de révolte qui n’attend plus que l’occasion de s’exprimer. Sauf prise de conscience soudaine et changement de ton radical, préparons nous l’an prochain, aux municipales et aux Européennes, à des séismes électoraux dramatiques et, sans doute, une monstrueuse crise politique.
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