L’Insee a marqué les esprits en annonçant une baisse de la consommation des ménages de 0,2%. Cette baisse annonce sans doute une récession, et de nouvelles mesures d'économies dans la dépense publique.
lundi 15 avril 2013
Si même la consommation s'effondre, que va-t-il rester à l'économie française ?
"La consommation est le socle résistant de la demande", nous disent depuis des mois les experts officiels. Et si ce socle se dérobait sous nos pieds ? Avec quelles conséquences ? De fait, l’Insee a marqué les esprits en annonçant une baisse de la consommation des ménages : -0 ,2 %. Même si l’Institut juge, techniquement, que la consommation « recule légèrement », son annonce est très importante, et pour trois raisons.
La faiblesse de la consommation s’inscrit d’abord dans un mouvement plus profond : c’est la première raison pour s’inquiéter. Cette baisse de février (-0,2 %) suit en effet celle de janvier (-0,9 %), essentiellement liée à l’automobile, mais elle s’insère dans une tendance de plus d’une année. En février, l’Insee nous dit qu’il nous faut regarder du côté « des achats de textile-cuir ». Mais si on regarde sur plus longue période, la consommation en biens a décroché, en liaison avec un moral des ménages en berne, un revenu réel net qui baisse et un crédit à la consommation qui, lui aussi, se réduit. Moral, revenu, impôts, crédit sont ici réunis, pour expliquer une inflexion majeure.
Cette faiblesse de la consommation annonce, sans doute aussi, une récession. La deuxième raison d’inquiétude devant ce chiffre de février est en effet que cette baisse de la consommation va peser sur le premier trimestre. Vraisemblablement, elle va le faire passer à -0,1 ou -0,2 %. Comme le quatrième trimestre 2012 s’est inscrit à -0,3 %, nous sommes en récession.
Cette consommation plus faible que prévu qui annonce un ralentissement plus fort qu’anticipé annonce à son tour de nouvelles mesures d’économies dans la dépense publique. Voici la troisième raison pour s’interroger. Personne n’est dupe en effet du calendrier des chiffres de prévision. La France a attendu le maximum pour annoncer ses problèmes de croissance, autrement dit le fait qu’elle ne pouvait tenir son engagement de réduction du déficit budgétaire pour 2013. Elle a ainsi obtenu un décalage d’un an de la Commission européenne pour se mettre en conformité avec ses engagements, avec l’idée que – cette fois – cette même Commission sera moins compréhensive. Elle voudra des réformes, elle demandera des réductions chiffrées dans la dépense publique. Il n’y a plus grand choix.
Au fond, cette baisse de la consommation marque la sensibilité très forte des Français à la fiscalité dans la conjoncture actuelle. Ce n’est pas une surprise, mais ce n’est pas ce qui était dans les chiffres de Bercy. Et ce n’est surtout pas pour cette raison qu’il faut revenir en arrière. Au contraire. Les économies doivent être poursuivies, la fiscalité stabilisée. Les Français fonctionnent aux anticipations : inquiets, ils consomment moins. Que va-t-il rester à l’économie française ? Une période de croissance faible sans doute, mais aussi une période de réformes intenses, pour alléger la barque de la dépense publique, si on veut éviter une crise plus forte. Jamais les taux longs n’ont été aussi bas (merci aux épargnants japonais), profitons-en pour changer vraiment.
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