Gérard Proust, le président de l'Union nationale des diffuseurs de presse (UNDP), qui tenait mercredi son congrès national, s'alarme de la situation de plus en plus fragile des 27.500 marchands de journaux en France.
Vous avez adressé une lettre ouverte au Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT). Vous a-t-il répondu?
jeudi 7 février 2013
Les marchands de journaux dénoncent une «prise d'otage»
Gérard PROUST. - Non. D'ailleurs, je remarque que, depuis ce courrier, daté du 1er février dernier, les mouvements se sont durcis. Le Syndicat du livre n'a donc rien entendu à notre message. La situation est loin de s'apaiser. Je n'ai pas à juger si le plan de restructuration engagé par Presstalis est judicieux ou pas, et si le combat mené par le Syndicat du livre est légitime ou non. En revanche, le Syndicat du livre doit comprendre qu'il doit trouver d'autres moyens d'expression que la prise en otage du réseau de distribution de la presse. Sinon, il aura tué le réseau de vente avant que les négociations ne reprennent chez Presstalis.
Quel a été l'impact des mouvements sociaux à répétition du Syndicat du livre sur l'activité des marchands de journaux?
Si les perturbations de distribution perdurent, on aura fini de ruiner le réseau! Le chiffre d'affaires n'est pas là, l'équilibre économique de la filière dans sa globalité est mis à mal par les incidents de livraison de journaux qui s'enchaînent depuis le second semestre. Les diffuseurs sont déjà fragilisés par la crise économique et la tendance à la baisse des ventes de la presse. L'absence des quotidiens dans les points de vente est nuisible à leur fréquentation, déjà en recul. De plus, les diffuseurs s'inquiètent de la relation au lecteur qui peut se détourner du réseau physique pour aller chercher une version numérique. Sans compter que les annonces faites par les autres médias sur l'absence des quotidiens véhiculent le message subliminal qu'il est finalement inutile de fréquenter nos points de vente.
À combien s'élève le manque à gagner?
Il est encore trop tôt pour le dimensionner. Mais les messages que nous recevons à l'UNDP montrent clairement que les marchands de journaux sont aux abois. Les diffuseurs sont fragiles, leurs commissions perçues sur la seule vente au numéro des journaux sont en baisse continuelle. Il faut tout faire pour éviter le coup de grâce! Les chiffres dont nous disposons sur la diffusion des quotidiens nationaux montrent que les ventes au numéro ont reculé à périmètre constant de 3,5 % en 2012. Si on y inclut les jours de perturbations de la distribution, la chute atteint 5 %. Les mouvements en décembre ont bel et bien dégradé les performances des quotidiens. Quelle sera la tendance en 2013, alors que, depuis le mois de janvier, la situation pour les éditeurs et les points de vente est restée tout aussi tendue?
Les marchands de journaux mettent la clé sous la porte?
1792 points de vente ont fermé en 2012, un triste record. En solde net, c'est-à-dire les créations moins les fermetures, cela correspond à la disparition de 1082 points de vente. Ils s'ajoutent aux 700 de 2011 et aux 500 de 2010. Le préjudice est considérable pour l'ensemble de la distribution de la presse française. De nombreux diffuseurs, dont c'est le métier principal, veulent jeter l'éponge ou reconvertir leurs emplacements. Leur exploitation est trop malmenée.
Vous avez lancé une pétition. Dans quel objectif?
Comme nous n'avons eu aucun écho à notre lettre ouverte au Syndicat du livre, notre but est d'alerter l'ensemble du réseau au travers d'une pétition accessible sur le site Internet de l'UNDP. Notre objectif est aussi de la faire signer par nos clients, les consommateurs. Nous espérons ainsi que le Syndicat du livre comprendra qu'il y a d'autres moyens d'actions pour faire entendre ses revendications. Une fois encore, la solution n'est pas la prise en otages des diffuseurs!
Vous avez alerté les pouvoirs publics dès le 11 octobre dernier. Qu'attendez-vous de la ministre Aurélie Filippetti?
Nous avions déjà fait part aux pouvoirs publics de nos craintes de voir l'ensemble du système de distribution s'écrouler. Nous souhaitons aujourd'hui que la ministre de la Culture et de la Communication, dès lors qu'elle veut revoir les aides publiques à la presse, en réoriente une part vers le réseau de vente. Notre réseau perd du terrain. Il faut encourager la formation professionnelle et surtout soutenir la modernisation du réseau. Pour cela, il est nécessaire d'opérer un rééquilibrage des aides à la presse, en amplifiant celles consacrées à la modernisation du réseau pour laquelle il n'est prévu cette année qu'un montant de 4 millions d'euros. Dans le même temps, le portage des journaux bénéficie d'une enveloppe de 45 millions d'euros. Le décalage est trop fort. Les points de vente doivent être des lieux de commerce et de vie modernes, confortables, lumineux, accueillants.
POUR CELA IL FAUT QUE LES DISTRIBUTEURS AIENT DE LA TRÉSORERIE !
ILS N'EN ONT PLUS, QUAND ON PAIE CASH ET QUE LES RETOURS SE FONT À COUP DE LANCE PIERRE !!!
RÉVEILLE TOI GÉRARD !!!!
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