lundi 18 février 2013
Comment rebondir ?
Comment rebondir ?
Désormais le diagnostic ne fait plus de doute : la croissance est atone en France et dans toute l’Europe. Elle a été nulle en France en 2012, et négative pour l’ensemble de la zone euro. Même l’Allemagne a connu une croissance négative au dernier trimestre.
Que faire ? Il n’y a pas de recette miracle valable pour tout le monde en même temps. L’Europe doit poursuivre sa politique de consolidation de la zone euro qui a permis d’éviter l’explosion de la monnaie unique, dont les effets auraient été dévastateurs pour tout le monde. Mais elle doit aller au-delà pour construire une politique d’investissements communautaires financée par des emprunts européens, notamment dans le domaine de l’énergie.
Au niveau mondial, il faut stabiliser les relations entre les grandes monnaies afin d’éviter des écarts excessifs qui dégradent la situation économique ici et là sans aucune justification. Cela ne dépend pas seulement de l’Europe, mais aussi des Américains, des Japonais et des Chinois. On a pris du retard dans ce domaine, mais l’Europe peut contribuer à une prise de conscience mondiale.
En France même, que faire pour sortir de la stagnation ? D’abord récuser de fausses évidences. Par exemple que la fermeture des frontières ou l’accroissement des déficits publics nous sauveraient du chômage. Nous vivons au XXIe siècle ; nous digérons une nouvelle révolution industrielle. Nos marchés se trouvent dans le monde entier, pas seulement en France. Nous ne travaillerons plus toute la vie dans la même entreprise, à fabriquer les mêmes produits, fussent de belles voitures ou des chemises élégantes.
Priorité à l’investissement
Nos priorités sont évidentes mais nous avons du mal à les comprendre. Un homme politique, social-démocrate allemand (Helmut Schmidt) l’a dit depuis longtemps : les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain qui feront les emplois d’après-demain.
Notre politique économique doit donc donner la priorité absolue à la formation, à la recherche, à l’innovation (technique et commerciale), c’est-àdire aux investissements. Le plus inquiétant dans les chiffrespubliés récemment est le recul des investissements dans les entreprises. Il faut accepter que certaines ferment ici pour qu’elles-mêmes ou d’autres ouvrent ailleurs. Naturellement cela suppose une politique de l’emploi d’accompagnement, comme cela se fait ailleurs. Certains syndicats l’ont compris, qui négocient des politiques de l’emploi avec leurs employeurs. Pas tous. Dommage.
Une telle politique d’investissement et de l’emploi suppose une maîtrise de la dépense publique et pas seulement une réduction des déficits par l’augmentation des impôts. Le gouvernement semble prendre conscience de cette nécessité : faire des économies et pas seulement augmenter les charges. Tant mieux. Si c’est le cas, personne ne lui en voudra d’avoir encore un déficit public un peu supérieur à 3 % à la fin de l’année à cause des moindres rentrées fiscales.
Rien n’est perdu. Nous traversons une crise qui est aussi une transition entre deux âges du développement du monde. Éclairons l’avenir pour ne pas sombrer dans le présent.
Jean Boissonnat
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