TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 15 janvier 2013

Tous les pièges de la guerre

Tous les pièges de la guerre


A priori, le récit des événements des quatre derniers jours est limpide. Après des mois de surveillance et d'activité diplomatique, la France a décidé d'intervenir au Mali. La progression vers le sud des groupes armés qui terrorisent le Nord depuis un an a motivé ce choix. Bamako risquait de tomber aux mains des seigneurs islamo-mafieux de la guerre du Sahel, comme en son temps Kaboul aux mains des Talibans. Il fallait intervenir.
En quatre jours, le déroulé des événements a été logique. Face au risque de voir les groupes terroristes s'emparer de Mopti et s'ouvrir ainsi la route de Bamako, Paris a décoché ses attaques aériennes. Enrayant, et c'est le premier de ses trois objectifs déclarés, l'avancée des guerriers et les traquant même, depuis dimanche, sur leurs bases arrière au nord et à l'ouest du Mali. Là s'arrête la simplicité du récit.
Car si la France dispose d'un soutien « presque unanime » (Laurent Fabius) de la communauté internationale, elle se retrouve également un peu esseulée en première ligne de la guerre au terrorisme. Triplement exposée et pour l'instant sans le soutien nécessaire à ce type d'opération.
La première menace est purement stratégique, c'est le risque d'enlisement. La question de la sortie d'un conflit, ce que les Américains appellent l'exit strategy, se pose, en fait, dès l'entrée en guerre. Qu'allons-nous faire sur ce théâtre d'opération ? Dans quels buts ? Avec quels moyens ? Réagir à un casus belli et déployer des frappes aériennes est assez simple. Restaurer l'État malien est plus complexe. Stabiliser le nord du Mali, encore davantage.
Soutien diplomatique croissant
Pour l'heure, Paris bénéficie d'un soutien diplomatique très vaste et logistique croissant. Même l'Algérie, dont l'action a par le passé été pour le moins ambiguë vis-à-vis de ces groupes armés, collabore. Elle a autorisé le survol de son territoire et veille à fermer sa frontière au sud. Mais le temps des frappes va vite passer. Un millier de soldats français sont déjà sur place, illustration de l'impossibilité de faire marche arrière, une fois le conflit enclenché. Et la force ouest-africaine, en cours de constitution, risque fort d'être aussi impuissante à pacifier le Mali qu'elle ne l'a été à intervenir dans l'urgence.
La deuxième menace, c'est la nature même de l'adversaire. Une hydre multiforme en permanente recomposition. Un réseau qui a collecté autant les armes de la guerre libyenne que celles de l'armée malienne ou du marché noir international. Unissant les souches algériennes du terrorisme salafiste aux revendications sahélienne au nom d'un même ciment, le djihad. Une guerre qui a besoin d'un ennemi. La France est une cible toute désignée. Par son passé colonial, les intérêts de sa filière nucléaire au Niger. À présent, du fait de son intervention militaire. Les otages encore détenus savent le prix de ces symboles.
Enfin, la menace est aussi intérieure et les responsables de l'antiterrorisme ne la sous-évaluent pas. Elle n'est pas nouvelle, mais le conflit malien peut réactiver des réseaux dormants. Dans l'Hexagone comme à l'étranger.
Bien que diplomatiquement très bien préparée, l'intervention française ne devait pas avoir lieu sous cette forme. C'est une intervention internationale que Paris souhaitait, lucidement d'ailleurs, pour éviter tous ces pièges. Elle n'y est pas parvenue avant. Il lui faut y parvenir maintenant. Sous peine d'enlisement.

0 commentaires: