TOUT EST DIT

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mardi 25 décembre 2012

Pour Noël exerçez vos talents de tueur !

Pour Noël exerçez vos talents de tueur !


Dans un même numéro, celui de Noël, Paris-Match pleure les enfants de Newtown en publiant leurs poignantes photos et la liste de leurs noms et chante les louanges des jeux vidéo violents (quelques pages plus loin) en des termes qui laissent pantois :
« Votre talent de tueur, votre don d’infiltration et vos compétences magiques vous serviront à évoluer et à survivre dans ce jeu très féroce dont l’ambiance unique et le parfum mystique vous suivront bien après que vous ayez éteint vos écrans. »
Est-ce que les rédacteurs de la page « culture » de cette semaine, la semaine de la tuerie de Newtown, lisent ce qu’ils écrivent ? Ou bien sont-ils déjà tellement abrutis par leurs exercices de tuerie virtuelle qu’ils sont complètement déconnectés du réel ?
Le jeu en question s’appelle « Dishonored ». Il est également la star de la rubrique du Figaro sur les jeux vidéo sous le titre : « Nos coups de cœur de l’année » !
Paris-Match a d’autres merveilles dans sa hotte pleine d’hémoglobine virtuelle, de massacres de masse et de râles d’agonisants. Et toujours en termes choisis :
Pour « Call of Duty » : « La principale mission est de buter autant d’ennemis que possible (…). La fluidité du jeu et son influx nerveux répondent au quart de tour à vos questions belliqueuses. “Call of Duty Black Ops II” vous propose même un mode zombie. Tuer des morts, c’est toujours tuer… »
Pour « Hitman : Absolution » : « Vous aurez du sang sur les mains, mais c’est pour la bonne cause. »
Une bonne idée de dernière minute dans les petits souliers de vos enfants que ces jeux vidéo « qui glorifient les tueurs », excitent la violence et enferment dans un isolement virtuel morbide : ils s’appellent Bulletstorm, Grand Theft Auto, Assassin Creed ou Mortal Kombat. Il y a même un jeu baptisé Kindergarten Killers (Tueurs à la maternelle).
Un projet de loi a été présenté mercredi au Congrès américain. Un projet de loi qui, s’il est adopté, chargera l’Académie nationale des sciences d’étudier les liens entre les jeux vidéo violents et la violence dans la société américaine.
« Il doit bien y avoir un rapport direct chez les gens mentalement instables qui à un moment donné basculent, s’évadent, deviennent un personnage de ces jeux vidéos », a risqué sur CNN John Hickenlooper, le gouverneur du Colorado.
Cet Etat de l’ouest américain a été frappé en juillet par le massacre de douze personnes, tuées dans un cinéma, en pleine projection du dernier Batman.
La fusillade survenue vendredi à Newtown, dans le Connecticut, est « une piqûre de rappel » soulignant la nécessité de légiférer, estime également le sénateur Jay Rockfeller : « Bien que nous ne sachions pas si de telles images ont influencé le tueur de Newtown, le problème des contenus violents est grave et il faut s’y attaquer. »
L’élu a par ailleurs indiqué qu’il comptait saisir l’autorité américaine de la concurrence (FTC) ainsi que l’autorité des communications (FCC) pour « jeter un regard neuf » sur le sujet et notamment vérifier l’efficacité du système de classement des jeux.
Adam Lanza, qui vivait chez sa mère et était déscolarisé, jouait très fréquemment aux jeux vidéo, notamment la saga Dynasty Warriors. Lors de son procès, le tueur Anders Behring Breivik, qui a massacré 77 personnes en Norvège, avait détaillé comment la pratique assidue de « World of Warcraft » (WoW) et de « Call of Duty : Modern Warfare » (CoD : MW) l’aurait aidé « à se préparer mentalement » à commettre son crime.
Répondant aux questions du procureur, il a expliqué comment le plan élaboré pour commettre son massacre avait germé dans son esprit dès 2006, une année qu’il a essentiellement passé devant son écran d’ordinateur à parcourir le monde virtuel du très populaire WoW, un jeu de rôle en ligne massivement multi-joueurs. Cette année-là, le jeune Norvégien, alors âgé de 27 ans, vivait chez sa mère et jouait jusqu’à 17 heures par jour à WoW…
L’Etat de Californie avait interdit la vente de jeux vidéo violents aux mineurs, mais la Cour suprême des Etats-Unis a rendu caduque cette disposition en juin 2011, estimant qu’elle allait à l’encontre de la liberté d’expression, garantie par la Constitution américaine.
Pour Brad Bushman, professeur de psychologie à l’Université d’Ohio et co-auteur d’une étude publiée le mois dernier, il est clair que plus un joueur passe du temps devant ce type de jeux, plus il adopte un comportement agressif.
Réfuter cette évidence n’est pas tenable, estime-t-il.
Un jeu vidéo a plus d’effet qu’un film car, en jouant, « vous n’êtes pas simplement assis sur un canapé, vous êtes pleinement impliqué », note-t-il. 
« Et on apprend bien plus quand on est impliqué. »

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