mardi 25 décembre 2012
"Il n'y a pas de chef à la tête de l'État"
Les lampions de Noël et du Nouvel An font illusion : 2012 se termine dans un climat politique délétère, et 2013 s'annonce sur des perspectives maussades. La France s'est donné il y a six mois une majorité qui n'en est pas une et un gouvernement qui bringuebale. À la tête de l'État, un champion déclaré du rassemblement, du redressement et de la vérité. Il n'a que ces mots à la bouche. Or, en fait de rassemblement, il n'est même pas parvenu à mettre de l'ordre dans sa maison. À plus forte raison dans le pays, divisé plus que jamais, camp contre camp.
Il a désigné un Premier ministre réputé consensuel, mais dont la maladresse est telle que chacune de ses paroles, quand elles ne provoquent pas un démenti, créent un problème. Quant au Parlement, il vit sa vie, indifférent aux principes élémentaires de cohésion et de solidarité qui ont noué les alliances auxquelles la majorité doit son existence. Même le PS est traversé par des courants contradictoires qui pèsent sur l'unité gouvernementale. Que dire du Front de gauche et des Verts ? Ils narguent le pouvoir. Des ministres Verts siègent au sein d'un gouvernement contre lequel votent des députés Verts sur des dossiers aussi importants que le budget. Ahurissant ! À Nantes, sous l'oeil des CRS, une guerre civile oppose une gauche à une autre, l'une et l'autre associées au pouvoir.
Au gouvernement, chacun en fait à sa tête, les directeurs de cabinet valsent, les ministres se piègent, on se hait, c'est la fable. Comble : on parle déjà remaniement. Et non des moindres : il concernerait quelques ministres de premier plan. On cite même les noms :Taubira, Moscovici, Peillon, Cahuzac ! On commence à mettre les personnes en cause, on perd ses nerfs, on insulte les gens, on nourrit bêtement la rumeur par des comportements ambigus. Mais après tout peut-être Montebourg est-il innocent des accusations que porte contre lui Tapie ? Peut-être Cahuzac est-il vierge des soupçons dont on l'accable ? Mais le mal est fait, parce que tout ce monde-là n'est pas dirigé. Il n'y a pas de chef à la tête de l'État.
À la limite on ne reprocherait pas à François Hollande de ne pas avoir encore réussi à redresser la France, s'il disait la vérité. Ils sont bêtes par arrogance en pensant que le peuple l'est. Ils sont bêtes par naïveté en croyant que le peuple les croit. Or qui a jamais imaginé que la France serait redressée en six mois ? Et ce mot de redressement est tellement idiot !... Il était inscrit dans les faits lorsqu'ils ont accédé au pouvoir que la crise allait s'aggraver. Et il était évident que la manière dont ils prenaient le problème ne ferait qu'aggraver l'aggravation. Tout le monde, le monde entier le leur prédisait. Mais depuis six mois ils nient l'évidence et la réalité. Encore aujourd'hui, Ayrault maintient contre tous les avis la prévision de croissance pour 2013.
Faisons-leur ce crédit : ce n'est pas faute de lucidité. S'agissant de Hollande en tout cas. Le virage de raison et de modération qu'il a pris récemment le montre. Mais il ne parvient décidément pas à l'accompagner d'un langage de clarté et de vérité, tout en en protestant. Le défaut d'autorité est là : manifester qu'on comprend la réalité, mais hésiter à inscrire résolument dans l'action cette prise de conscience, ne pas aller jusqu'au bout de sa démarche, permettre aux uns (aux Verts, à Montebourg, à Duflot, à Taubira...) de divaguer à leur aise, permettre aux autres de se laisser aller dans la parole, dans la parole contraire, ou ambiguë, ou maladroite. Bref, ne pas tenir son monde. Ne pas comprendre que les grenouilles demandent un roi, qui soit fort et franc.
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