samedi 8 décembre 2012
Métal hurlant
Métal hurlant
La France est brusquement sortie du théâtre de boulevard de l’UMP.
Dans le spectacle donné à Florange, le tragique n’est pas loin. Le pays
semble saisi d’effarement à mesure qu’avance la pièce et qu’en sont
dévoilés les à-côtés secrets ou cyniques.
Même sans forcer, on se
croirait en pleine tragédie grecque. Mais si! Ecoutez ces cris croisés
de trahison, voyez ces mouvements de toge indignés dans les palais de la
République. À ce détail près qu’on est dans la réalité. Et que la
querelle entre caciques du je-te-tiens-et-tu-me-tiens finit par les
larmes non pas d’un public qui aurait payé sa place, mais de vraies
gens. En témoignent ces pleurs surprenants d’un héraut syndical
jusque-là cantonné au registre de la harangue.
À cet instant du
scénario, la question pourrait être: Mittal s’est-il joué de la France?
On devrait surtout se demander par quelle mécanique un gouvernement en
vient à mettre sa crédibilité et son image entre les mains d’un
industriel, quel qu’il soit.
Plus encore que l’enjeu des 600
emplois, dans un pays où ils s’évaporent par dizaines de milliers, est
livrée sur la scène publique la fragilité d’un pouvoir, au désespoir
même de ses propres soutiens. Il ne s’agit plus d’un couac,
malheureusement, pour qui espérait le changement. Mais de l’amorce d’une
cassure.
Ce gouvernement qui voulait en finir avec les errements
du sarkozysme expose lui-même le pays à un feu ahurissant de critiques
patronales, étrangères, syndicales, idéologiques. Il se paie de surcroît
le luxe d’une dissension ministérielle.
À trop vouloir s’arroger
les premiers rôles, le politique refait cette expérience amère que la
mise en scène est de plus en plus souvent réglée par la puissance
économique. Face à elle, il paraît illusoire, même pour un État, de
dicter un épilogue à sa façon.
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