Arborant des T-shirts roses et des
ballons bleu blanc et rose, des dizaines de milliers de personnes ont
pris part samedi dans toute la France à la «manif pour tous», premier grand défilé contre le projet d'ouvrir le mariage et l'adoption aux couples homosexuels.
La mobilisation, qui se voulait apolitique, «transreligieuse» mais
aussi «contre l'homophobie», selon ses organisateurs, a réuni plus de
100000 personnes, selon les autorités.
«C'est un grand mouvement qui se met en marche !», a lancé au mégaphone, avant le départ du défilé parisien, l'humoriste catholique Frigide Barjot, fondatrice du Collectif «Pour l'Humanité durable», à l'initiative de la manifestation qui, dans l'après-midi a troqué son T-shirt rose pour une robe de mariée. «Nous sommes nés d'un homme et d'un femme, un enfant c'est le résultat d'un orgasme d'un homme et d'une femme», a-t-elle scandé, avant de préciser: «On est mariageophile, pas homophobe !»
Dans la foule compacte, de toutes générations et parsemée de poussettes, T-shirts et ballons bleus, blancs ou roses arboraient le même dessin de deux personnes de sexes opposés tenant deux enfants par la main. C'est un livre rouge que Frigide Barjot a brandi: le code civil. «Nous tenons à notre code civil (...), base même de notre société». «Il ne faut pas que disparaissent les mots père et mère pour laisser la place à des termes indifférenciés», a-t-elle prêché.
Plusieurs associations de gauche dans le cortège
Outre Frigide Barjot, fondatrice du Collectif «Pour l'Humanité durable», Xavier Bongibault, de «Plus gay sans mariage» (homosexuels opposés au projet de loi), ou Laurence Tcheng, de «La gauche pour le mariage républicain», font partie des organisateurs du mouvement soutenu, selon eux, par plusieurs délégations locales des Associations familiales catholiques (AFC), les Fils de France, des musulmans «patriotes», ou encore de l'association pro-vie Alliance Vita.
«Nous sommes là pour faire échec à ce projet de loi qui dénature le mariage», a déclaré Xavier Bongibault. «La majorité des homosexuels se moquent éperdument de ce projet de loi. Nous pensons qu'un enfant a besoin d'un homme et d'une femme pour évoluer correctement», a-t-il ajouté.
Présents également, des élus et personnalités politiques comme le maire DVD du Chesnay (Yvelines), Philippe Brillault, qui a indiqué que l'ancien président du Sénat Gérard Larcher, président du comité de soutien de François Fillon, devait se joindre à la manifestation.
Quelques «kiss-in» et contre-manifestations organisées
En désaccord, Fanny Neige et Anaïs, homosexuelles, étaient venues faire valoir leur point de vue, s'embrassant au vu et au su de tous. «On est là en tant que lesbiennes, parce qu'on fondera une famille qu'ils le veuillent ou non», a expliqué Fanny Neige. La provocation pacifique a reçu une réponse non moins pacifique: des applaudissements, comme l'avaient souhaité les organisateurs. Selon Fanny Neige, quelque 1500 personnes avaient annoncé sur une page Facebook dédiée leur intention de contre-manifester par des «kiss-in».
A Marseille, Toulouse, Lyon et Rennes, plusieurs partisans du mariage gay ont été défier les opposants, suscitant quelques face-à-face tendus.
A Toulouse, un face-à-face tendu a opposé une bonne partie de l'après-midi plusieurs milliers de personnes participant à une manifestation autorisée contre le mariage homosexuel et plusieurs centaines d'autres qui y sont favorables et dont la manifestation n'était, elle, pas autorisée. Un important cordon de policiers a dû faire le tampon entre les deux camps tout l'après-midi pour empêcher des heurts.Mais les policiers ont fini par tirer quelques gaz lacrymogènes pour libérer le passage et permettre aux manifestants contre le mariage homosexuel de suivre l'itinéraire prévu jusqu'à la place du Capitole.
A Marseille, des contre-manifestants ont déployé une banderole «votre modèle de société est mort, bienvenue à Sodome et Gomorrhe»(QUELLE BANDE DE TARÉS!) en haut de la Canebière, où la manifestation anti-mariage gay a débuté dans une ambiance tendue, les cortèges se défiant à coups d'insultes. Des grenades lacrymogènes ont été tirées par les forces de l'ordre pour empêcher tout affrontement entre les deux groupes.
A Lyon, environ 200 militants pro-mariage gay sont venus défier le cortège au départ de la manifestation. Un cordon de CRS a été dressé entre les deux groupes et les perturbateurs ont été priés de partir. Face à leur refus, la police a procédé à cinquante arrestations.
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