La Société du Mont-Pèlerin a été créée en 1947 par un professeur d’économie autrichien et libéral, futur prix Nobel, Friedrich von Hayek.
La première réunion de cette société eut lieu en Suisse au voisinage du
Mont-Pèlerin. Le but était de réaliser des « échanges de vue entre des
esprits désirant contribuer au progrès d’une société de liberté ». Ses
500 membres sont en majorité des professeurs d’économie libéraux,
enseignant dans 40 pays. Les professeurs d’économie français Pascal
Salin, Jacques et Pierre Garello, Gérard Bramoullé, Bertrand Lemennicier
en font partie. Plusieurs prix Nobel d’économie sont et ont été membres
de la société.
Son assemblée générale bisannuelle avait lieu en septembre de cette
année à Prague, capitale de la république tchèque. Le président de cette
république, Vaclav Klaus, un ancien professeur d’économie, est membre
de la société du Mont-Pèlerin depuis 1990. Après deux décennies de
politiques économiques libérales, Prague est d’ailleurs devenue une
capitale très dynamique, la quatrième ville la plus visitée d’Europe,
avant Londres, Vienne, Venise, Madrid, etc.
Un des thèmes de la réunion de 2012 était « la contribution de l’euro à la crise européenne » ! En effet pour une majorité de ces économistes, l’euro n’aurait pas dû être créé, était une mauvaise idée et ne durera pas. Il n’aurait pas dû être créé car il rassemble des pays trop différents qui n’ont pas de politique budgétaire commune. Certains de ces pays ne respectent pas les critères de Maastricht qu’ils ont ratifiés. Plusieurs de ces pays ont pu, grâce aux bas taux d’intérêt procurés par l’euro, emprunter exagérément pour financer des déficits budgétaires. L’euro ne durera pas car les divergences de compétitivité entre ses membres vont s’accentuer et rendre leur cohabitation dans la zone euro intenable.
Pour une grande partie de ces économistes, le meilleur système monétaire est celui du 19e siècle, pendant lequel les crises économiques étaient moins fortes et les prix restaient stables : le système de l’étalon-or, que préconisait d’ailleurs le général De Gaulle.
D’autres, à la suite de Milton Friedman, estiment qu’un système de changes flexibles est acceptable, mais pas le système rigide de l’euro.
Celui-ci n’a été conçu que comme une étape vers une fédération européenne. La clause de non-assistance aux États européens en difficultés financières forçait l’homogénéisation de leurs politiques économiques. Les mécanismes actuels de « sauvetage » de l’euro sont en contradiction avec cet objectif, en transférant aux contribuables des pays bien gérés la charge du soutien de ceux qui ne le sont pas.
Quel rôle pour la Banque centrale européenne ?
Pour la plupart de ces économistes, l’avenir de l’euro est soit dans la dissolution de la zone euro, soit dans une plus grande intégration européenne. Cette intégration pose cependant de nombreuses questions : quelles sanctions pour les États de la zone euro qui ne respecteraient pas leurs programmes de retour à l’équilibre de leurs finances publiques ?
La Banque centrale européenne, futur superviseur des banques, aura-t-elle la responsabilité exclusive d’accorder ou retirer une licence bancaire ? Qui décidera de la mise en faillite éventuelle d’une banque et quelles procédures de faillite, sans appel aux contribuables, seront mises au point ? Y aura-t-il un organisme européen de garantie des dépôts ? etc.
L’euro a toutefois trouvé à Prague un défenseur énergique : le professeur d’économie madrilène Jesus Huerta de Soto. Il estime que sans l’euro l’Espagne n’aurait pas fait les efforts de rétablissement financier qu’elle a réalisés : baisse de 15% des dépenses publiques, notamment par le gel des embauches de fonctionnaires et la baisse de 12% de leurs salaires. Vaclav Klaus lui a fait remarquer que la nécessité de ces efforts était due à l’euro, responsable d’un excès de liquidités et de taux d’intérêt trop bas qui ont gonflé la bulle immobilière dont les banques publiques espagnoles ne sont pas encore sorties.
Même parmi les libéraux, l’euro est donc un sujet de controverse.
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