TOUT EST DIT

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vendredi 3 août 2012

Les enjeux du cirque


Trop de JO tuent-ils les JO ? Même pas. Bien avant leur fin, ces olympiades décrochent la médaille d’or de la surexposition médiatique.
Au cœur de l’été, il faut vraiment faire preuve d’un sang-froid olympien pour ne pas avoir l’impression d’habiter à Londres, ses embruns, ses tracas de circulation, ses very british clichés.
Normal, dira-t-on, ce rendez-vous universel transporte la planète sport, jusqu’à l’athlète qui s’ignore – et sommeille parfois – en nous. L’emphase des commentateurs télévisés, les théories de tatamis et toute la liturgie de la performance concourent à la dramatisation, au suspense, à l’intérêt de ce qui dépasse la simple mise en scène des dieux du stade.
Si ces Jeux Olympiques nous cernent à ce point, c’est que leur enjeu déborde le sport. Le journal des JO ressemble de plus en plus au journal du monde. À commencer par la sempiternelle question : ce spectacle en vaut-il le coût?
À la rubrique financière donc, compétition de chiffres et de milliards pour savoir si argent et olympisme seront un jour réconciliables, et qui paiera en attendant la facture. Au chapitre géopolitique, c’est la course aux supputations sur ces pays ennemis qui pourraient se retrouver adversaires sur un parquet. Une affaire de voile dans les arts martiaux suffit à faire assaut d’exégèses sur les droits de l’homme, et de la femme. Tandis que, pour le volet scientifique, les chercheurs qui se sont esquinté les nerfs sur le Tour de France reconsultent leurs calculettes antidopage et la pharmacopée maudite des molécules miracles.
Bref, les JO ont quelque chose des magasins Félix Potin : on y revient. Pendant ce temps, les forêts et les banques peuvent bien se carboniser en Espagne, les centrales à charbon se multiplier en Chine, les massacres atrocement se perpétrer en Syrie. C’est l’une des règles non écrites des Jeux. Rêver de vainqueurs permet d’oublier tant de nos défaites.

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