Les crises, comme les guerres, sont des
opportunités de mensonges, de dissimulation, de non-transparence sous
prétexte d’intérêt général.
mercredi 1 août 2012
Purgeons le système : pour sortir de la crise de la dette, il faut liquider l'Etat providence
Comme si on craignait que l’information et la vérité en se répandant ne mettent le feu aux poudres.
Le combat est politique parce que l’origine est politique.
On a créé de la dette partout, à qui mieux pour repousser les limites
de la rareté, pour reproduire et étendre le système, pour forcer à sa
reproduction malgré les obstacles et malgré l’accumulation des
impossibles.
Le combat est politique car qui ne
voit la coïncidence avec la chute du mur de Berlin, chute du Socialisme
Réel, chute du modèle concurrent, chute de la référence des combats
sociaux. Avec la chute du mur de Berlin, les élites du système ont perdu
toute retenue. Ils ont cyniquement forcé l’allure, dopant la machine
économique par les additifs, par les stimulants de la finance. Ils ont
conclu la grande alliance kleptocratique qui a permis, grâce au pillage
du bien commun qu’est la monnaie, une hypertrophie des assets et des
patrimoines, permis de creuser les inégalités, permis de réduire les
parts salariales. Grâce à la modération de la hausse des prix obtenue
par la réduction de la part des salaires, obtenue par les importations
et les délocalisations, ils ont pu maintenir des taux d’intérêt très
bas, développer la demande de crédit, améliorer les solvabilités
apparentes. La modération des taux a autorisé le gonflement des déficits
des souverains, rendus attrayants les endettements et les
surendettements.
Le combat est politique car tout commence avec le diagnostic. Un
diagnostic faux, trompeur, permet de flouer les citoyens sur les
remèdes et de faire en sorte de leur faire supporter le poids d’une
crise dont ils ne sont pas responsables. La première parade
dans le combat est de forcer au bon diagnostic afin que les mensonges
soient désamorcés. Il faut affirmer et répéter que la crise est une
crise du crédit, une crise de surendettement, parce que les Etats, les
politiciens, ont utilisé le crédit pour acheter la paix sociale, la
fausse croissance, acheter leur maintien au pouvoir. Ces politiciens ont
fait ami-ami avec ceux qui les finançaient, ceux qui bouchaient leurs
déficits, les banquiers et toute la classe klepto.
Maintenant
que la crise de solvabilité est là, les politiciens sont pris à la
gorge par les banquiers, par le système financier, par les marchés, pour
rembourser. S’ils ne remboursent pas, on leur coupe les vivres.
Et notre classe dominante, notre classe politique, perd son statut
social, ses privilèges. D’où la lutte pour pressurer les peuples, pour
leur faire rendre le dernier centime des maigres progrès obtenus au
cours de ces 30 dernières années de progrès technique. Les usuriers
forcent les gouvernements qui en dépendent pour leur survie à revenir en
arrière sur tous les progrès, sur tous les acquis, sur toutes les
améliorations du niveau de vie obtenues depuis le milieu des années 80.
Comble du cynisme, nos
usuriers veulent la disparition de la grande prime de risque politique
et sociale qui avait été accordée aux salariés pour qu’ils ne se
révoltent pas dans les temps où le communisme constituait un attrait.
Car il ne faut pas se leurrer, l’Etat Providence, le Nanny State, en
Europe, c’est une prime de risque accordée aux salariés pour les faire
tenir tranquille, pour qu’ils ne fassent pas la révolution, pour qu’ils
votent bien. La disparition du communisme, sa disparation en tant que
modèle et en tant que guide des luttes, rend cette prime inutile, elle
rend sa suppression possible.
Ne vous y trompez pas, nous ne sommes ni pour l’Etat
Providence, ni pour le Nanny State, nous ne sommes pas pour les «Big
Government», loin de là, mais l’objectivité oblige à dire que c’est
comme cela que cela se passe, comme cela que cela s’est passé.
A
la faveur des gaspillages, des excès, des scandales de l’Etat
Providence, les gouvernements reçoivent dans leur combat contre les
citoyens des renforts inattendus, des renforts de gens qui, normalement,
devraient être de l’autre côté de la barrière. On a dégouté les gens de
bonne volonté de l’Etat Providence et de ses excès, ce qui donne les
mains libres pour l’attaquer. Au lieu de se laisser berner, les
citoyens devraient exiger, d’abord et avant tout, une réforme complète
de l’Etat Providence, avant même la réforme fiscale. Une réforme qui
supprime son côté clientéliste. Car il est logique et sain de réformer la dépense avant de réformer la recette.
Le
combat est politique, car après un bon diagnostic, il faut des vrais
remèdes, des vraies solutions, pas des cataplasmes attrape-nigauds qui
aggravent les maux et multiplient les spoliations. Il faut poser que les
créanciers, les usuriers ne feront pas leur plein, il faut mettre en
route l’étude d’un grand Jubilé des dettes. Préparer la mise temporaire
sous tutelle des banques et de leurs réseaux.
Il
faut changer radicalement de politique européenne, abandonner la
solidarité, les aides, pour maintenir en vie ce qui est condamné. Il faut une politique vigoureuse de lutte contre la contagion au lieu d’organiser cette contagion comme on le fait maintenant.
L’Espagne
est un pays du «core», elle l’était encore il y a quelques semaines. On
ne peut à ce stade sauver l’Espagne, pas plus que la Grèce. Le bail out
des banques espagnoles, des provinces espagnoles, du souverain
espagnol, tout n’est déjà plus à la portée de l’Allemagne, encore moins
de la France et évidemment pas à la portée de l’Italie qui carillonne a
la porte de l’hôpital financier.
Cliquez sur le graphique pour l'agrandir
Il
faut avoir le courage de le voir, de le dire, de l’expliquer, et garder
les ressources, non pour faire le plein des usuriers, mais pour
reconstruire. Pour aider ces pays à se relever. C’est l’inverse de
l’égoïsme. Il s’agit d’être en mesure de les aider une fois que la purge
opérée. Et c’est pour cela que nous défendons le fond d’épargne. Au
lieu de l’attaquer, de le diminuer, il faut le protéger, on en aura
besoin. On en aura besoin partout, pour reconstruire sur la base d’un
système de liberté et pour échapper à ce à quoi ils nous destinent, un
infâme système d’asservissement et de contrôle.
Les dettes irrécouvrables en Europe représentent des multiples des PIB européens.
Il faut oser le dire. Tout comme il faut oser dire que le problème
n’est pas seulement le stock de dettes, mais la gigantesque pyramide que
l’on a construit sur ces dettes à la fois par le «fractional banking»,
par le marché des «repos», par le soi-disant «hedges» que sont les
dérivés, par la multiplication des billets de loterie que le système
klepto a mis en place pour augmenter ses prélèvements. Le problème est
un multiple des dettes apparentes, un multiple des GDP, un multiple des
patrimoines, à cause de l’effet multiplicateur de la chaine de
spéculation financière.
Quand vous traitez un problème, quand vous bouchez un
trou, il en ressort de partout, voilà la réalité. Et c’est une réalité
que l’on observe depuis deux ans. On commence avec des dizaines de
milliards et on arrive, on arrivera bientôt, à des trillions.
Les pays du «core» européen ont perdu leur pucelage de rating, tous sauf la Finlande.
Cliquez sur le graphique pour l'agrandir
C’est
un sérieux avertissement alors que l’on n’est qu’au début du chemin de
la catastrophe. On attaque seulement l’Espagne, on en est au début de la
découverte de ce qu’il y a sous les tapis espagnols.
Souvenez-vous de la Grèce, en peu de temps, les chiffres ont été multipliés par dix.
Le
gigantesque incendie espagnol, incendie réel, est une sorte
d’allégorie, un symbole du risque financier. Au lieu d’organiser la
contagion, la propagation, il faut faire comme l’ont fait les pompiers,
couper, trancher, isoler. Au lieu d’aider par la fausse solidarité, il
faut lucidement accepter de se couper un bras pour conserver le reste et
se retrouver en position d’aider par la suite. Il faut changer de
politique, il faut que la pression des peuples sur les gouvernements
s’exerce en ce sens. Il faut que les peuples ouvrent les yeux et cessent
de tomber dans les pièges qu’on leur tend, au nom de fausses
générosités qui ne servent qu’à faire le plein des usuriers et de leur
clique de complices.
Les remèdes n’en sont pas, ils aggravent le mal et favorisent sa propagation.
On ne sort pas de la dette par la dette, on ne sort pas de
l’appauvrissement et de l’insolvabilité par l’austérité et le
ralentissement de la production de richesses. On ne sort pas de la dette
par la mise au chômage des producteurs.
Le
nœud de l’affaire, le point central, celui autour duquel tout
s’organise, ce sont les taux d’intérêt. C’est par là que l’on a
ingurgité le mal, le poison, c’est par là que l’on périra.
La crise des pestiférés européens devrait pourtant ouvrir les yeux.
La
crise se manifeste par le fait qu’ils ne peuvent plus se refinancer, on
ne leur accorde plus les taux d’intérêt qui sont accordés aux autres;
ah, notre naïf européen qui, il y a peu, s’étonnait que tous les pays
dans une même zone monétaire ne bénéficiaient pas des mêmes taux bas!
Eh
oui, le mode de manifestation de la crise, c’est cela, le niveau des
taux auquel les souverains peuvent ou ne peuvent pas se refinancer.
Pourquoi ils ne peuvent pas se refinancer?
Parce que l’on ne leur fait plus confiance sur leur possibilité d’assurer le service et le remboursement de leur dette.
Les pestiférés sortent du marché de la dette, ils sont é-vin-cés.
Dans
le processus de traitement/aggravation de la crise par les
gouvernements décrit ci-dessus, le nombre de pestiférés est condamné à
croitre et leur ardoise est condamnée à grossir. Contagion par la
solidarité, contagion par l’austérité.
Déjà l’FESF (Fonds européen de stabilité financière) vient d’être mis sous surveillance négative !
Au fil des jours, le nombre de pays qui vont être évincés du marché va progresser. Les taux moyens européens vont s’élever, malgré le mouvement artificiel de fuite vers les apparents refuges du «core»,
malgré la manipulation des taux par la BCE, malgré la dégradation du
bilan de la BCE, malgré l’augmentation colossale de la transformation
court/long dans le système. Malgré l’ancrage artificiel des taux
mondiaux près de zéro par la Fed américaine.
La hausse des taux moyens européens va dépasser les limites des possibilités budgétaires des différents pays,
les ratios de dettes ne pourront plus être stabilisés. On aura épuisé
les bénéfices de la mutualisation. Il faudra se tourner vers le dernier
recours, la monétisation, le printing de fausse monnaie par la Banque
Centrale, la BCE. La monétisation produira une amélioration passagère,
on croira que c’est la solution. Hélas, l’amélioration sera de courte
durée, le chômage ne se réduira pas, la confiance se dégradera à
nouveau. Le dernier rempart vacillera.
La
confiance dans la BCE, c’est à dire dans l’euro, chutera, les taux
d’intérêt monteront. Ils monteront sous l’effet d’une sorte de prime
incorporée pour tenir compte de la dépréciation de la monnaie. Face
à la hausse des taux, la BCE n’aura aucun autre choix que de «printer»
encore plus, ce qui fera monter les taux, ce qui fera chuter l’euro.
La folle spirale sera lancée. Celle qui inverse tous les phénomènes
économiques et financiers. Les taux cesseront d’être le prix de
l’argent, mais à l’inverse, le prix qu’il faut payer aux détenteurs de
monnaie pour qu’ils acceptent de la conserver, les prix cesseront d’être
des prix des marchandises, ce seront des baromètres de la dépréciation
monétaire, etc.
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