Il devient nécessaire de changer pour changer, même quand
rien ne change vraiment, pour intoxiquer la population. Deux
possibilités s’offrent au gouvernement Ayrault : le changement de
vocabulaire, ou la mise en place de gadgets inutiles.
Tous les gouvernements se suivent et se ressemblent. Comme leurs
honorables prédécesseurs, les nombreux ministres du gouvernement Ayrault
se doivent de gesticuler pour donner l’illusion de l’action. Les
décisions politiques étant largement dévaluées du fait d’un
développement économique devenu anémique, tout est question de
perception. Il devient nécessaire de changer pour changer, même quand
rien ne change vraiment, pour intoxiquer la population. Deux
possibilités s’offrent aux nouveaux dirigeants : le changement de
vocabulaire, ou la mise en place de gadgets inutiles.
Dans le premier cas, on renommera idéalement le Ministère de
l’Industrie en Ministère du Redressement Productif. C’est exactement la même chose, mais cela illustre paraît-il le « volontarisme »
de l’équipe en place. En effet, déclarer son volontarisme est toujours
mieux que d’avouer son impuissance, sans mauvais jeu de mots. Par
ailleurs, comme le disait si bien Jean Jaurès : « Quand les hommes ne peuvent plus changer les choses, ils changent les mots ». Changeons les mots donc !
Dans le second cas, on « décrétera » par exemple le blocage
des loyers dans les grands centres urbains. Pour vendre ce fumigène aux
électeurs, on accordera disons un entretien à un média « sympathisant« ,
qui se chargera de faire la publicité du produit sans trop rentrer dans
les détails. Technique de base du marketing. Aux citoyens de lire les petits caractères
tout en bas pour réaliser l’étendue de l’arnaque ! Heureusement, une
opposition hystérique criera aux loups, et convaincra les convaincus
d’avance que le gouvernement agit dans la bonne direction ou qu’il est
extrêmement dangereux, selon le point de vue. Alors qu’en réalité, c’est
le statut quo qui l’aura emporté, comme d’habitude.
Ceci m’amène à un autre vice de la presse : la surenchère médiatique. Dans les Échos d’hier, on peut voir ce superbe article
de mal-information. À la première lecture, on pourrait s’imaginer que
le nouveau rapport de l’Inspection Générale des Finances est d’une
audace démesurée, doublé d’une charge mesquine contre le programme de
François Hollande… Mais rien ne saurait être plus éloigné de la réalité !
Si si…
Comme mes lecteurs fidèles le savent, le budget prévisionnel
de l’État pour l’année 2012 est d’environ 365 milliards d’euros. On
verra bien ce qu’il en sera à la fin de l’année, cela semble mal parti
pour l’instant…
De plus, le nouveau Président s’est engagé à limiter la hausse des
dépenses publiques à 1% l’année. Ce qui signifie une hausse de 3 à 4
milliards tous les ans, nous amenant en 2016 à un budget d’État
d’environ 380 milliards d’euros. Soit 15 milliards de plus. Peut-être
moins si le budget de la Sécurité Sociale augmente de son côté plus
rapidement que prévu, ce qui est très probable. Et il faudra bien
compenser à ce moment-là ! Des qualités de jongleur ou de
prestidigitateur sont requises à ce niveau.
Notons également qu’avec toutes les dépenses supplémentaires qui ont
été promises durant la campagne, dans l’éducation notamment, cet
engagement semble intenable, à moins de faire des économies radicales
dans les ministères détestés de la gauche comme la Défense. Se
débarrasser de la dissuasion nucléaire ? Mais là encore, on verra bien
ce qu’il en sera à la fin du mandat…
Maintenant, que nous propose concrètement le rapport de l’IGF,
commandé par l’ancien premier ministre François Fillon ? Non pas de
diminuer les dépenses comme le clament des journalistes « spécialisés »,
mais de contenir leur envolée. Et fait, l’IGF propose seulement de
limiter la hausse des dépenses d’État à 21 milliards d’euros (de plus)
d’ici 2016 ! Vous avez bien lu, ce rapport qui a « choqué » le journaliste des Échos,
déjà taxé d’ultralibéralisme ici ou là, propose en fait d’augmenter le
budget de l’État davantage encore que ce à quoi s’est engagé le
socialiste François Hollande. Sans rires.
C’est là que ça devient rigolo ! Car à force d’enfumer tout le monde
et de promettre tout et son contraire, même les experts des Échos en perdent leur boussole ! En résumé, les rapports de l’IGF ou les promesses de François Hollande, c’est comme les articles de Libé, il faut lire ce qui est marqué en petits caractères.
mardi 5 juin 2012
Une baisse des dépenses de l’État en trompe-l’œil
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