mercredi 8 février 2012
L’inventaire et le droit
Le charme du respect des temps de parole à la télévision, c’est l’alternance des acteurs. Quand l’un sort par la porte de TF1, l’autre rentre, à coup sûr, par celle de France Télévisions. La scène a l’apparence d’un plateau. Elle a la réalité d’un prétoire où le jeu de rôles de la démocratie fait se succéder le procureur et l’avocat. Les deux ont été convaincants.
Lundi, Nicolas Sarkozy avait crucifié avec efficacité « l’absence de sens de l’État » du candidat socialiste, présumé coupable de vouloir renégocier le dernier traité européen. Mardi, François Hollande a plaidé pour remettre sur le métier un texte qui a oublié de parler de la croissance, déminant, avec une décontraction très étudiée, les arguments de l’accusation.
Le duo contradictoire se met donc en place, occupant de plus en plus l’espace, comme en témoigne l’écart qu’il creuse, dans les derniers sondages, avec ses poursuivants Marine Le Pen et François Bayrou. L’hypothèse d’un match à quatre s’éloigne un peu, au moins pour le moment, pour laisser jouer la logique bipolaire de la présidentielle.
Hollande a montré hier qu’il serait aussi coriace que le président est battant. Les deux rivaux ont cela de commun qu’ils ne se laissent pas impressionner par l’argument censé les coincer. Le socialiste a, semble-t-il, trouvé la bonne distance. Il a cultivé, hier soir, un calme placide qui ne sera pas le moindre de ses atouts dans la compétition. Évidemment quand il a fallu commenter l’excès de langage de son collègue dans l’hémicycle, il a pris de larges détours. Comment répondre sans se défausser quand le point Godwin – le moment où, dans une conversation, on en vient à faire référence à la Seconde guerre mondiale - a été largement dépassé ? Voire, explosé ?
Le candidat a étonné ses camarades par sa maîtrise, en net progrès, des sujets qui fâchent. Il les a surpris, aussi, par son audace en s’engageant à supprimer la Cour de justice de la République, création d’une époque où « l’Etat-PS » avait engendré des affaires peu ragoûtantes.
En prêchant pour « la même justice pour tous », le voilà qui se place, le premier, sur le terrain – qui sera très convoité – de la morale publique. Une posture loin d’être innocente quand le cas Woerth ressurgit, enveloppé de ses vastes et encombrantes zones d’ombre.
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