Les enseignants ont l'intention de voter massivement et efficacement à gauche. C'est la principale leçon du sondage réalisé par l'IFOP pour Le Monde. Au premier tour de l'élection présidentielle, le 22 avril, 46 % des 712 enseignants représentatifs interrogés du 13 au 15 février, comptent voter pour le candidat socialiste François Hollande. Et au second tour, 79 % de ces enseignants du primaire, des collèges et des lycées ont l'intention de faire ce même choix. Le candidat Nicolas Sarkozy, lui, recueillerait 12,5 % de leurs suffrages au premier tour du scrutin et 21 % au second. Voici les sept leçons qui se dégagent de cette enquête, à 60 jours du premier tour.
- Un antisarkozysme virulent
Double prouesse, donc, pour le candidat socialiste. D'abord parce que ce taux est très élevé. Ensuite parce que François Hollande peut se targuer d'avoir réconcilié le corps enseignant avec le PS. Ses 46 % d'intentions de vote au premier tour sonnent comme une vraie victoire, si l'on se souvient que Ségolène Royal n'avait recueilli que 31,5 % du suffrage enseignant en 2007 et Lionel Jospin, 16 % en 2002.
"Cette catégorie professionnelle, championne de la dispersion des voix aux deux précédents [scrutins] présidentiels, a décidé cette fois de jouer l'efficacité pour être sûre de ne pas retrouver Nicolas Sarkozy", estime l'analyste. Plus que d'une adhésion au projet socialiste, François Hollande bénéficie de la volonté d'en finir avec ce que les enseignants estiment être la "casse de l'école".
- Le vote Sarkozy de 2007 se disloque
Il y a cinq ans, à même distance du scrutin, "Le Monde de l'éducation" avait commandé un sondage identique à l'IFOP. C'était déjà Jérôme Fourquet qui l'avait administré, et il rappelle que, "à cette époque, ils étaient 19 % à avoir l'intention de voter pour [M. Sarkozy], contre 31 % pour la candidate socialiste et 27 % pour François Bayrou". Ces intentions s'étaient vérifiées, le candidat du MoDem enregistrant toutefois, le jour du vote, 3 points de plus qu'au moment du sondage.
- Le modernisme perçu comme du libéralisme
Il y a cinq ans, M. Sarkozy portait le retour de l'autorité. Les enseignants lisaient ses propositions comme un moyen de moderniser le pays. Aujourd'hui, la grille de lecture a changé. "Ils y voient la casse d'un système. La volonté de construire une école libérale à l'anglo-saxonne, avec une concurrence entre établissements, de moins en moins de moyens et bientôt un changement de définition de leur métier", analyse Patrick Gonthier, secrétaire général de l'UNSA, l'une des deux fédérations d'enseignants.
"Le bilan du quinquennat en matière scolaire, résume-t-il, c'est la réforme de la formation des maîtres, qui fait l'unanimité contre elle, la disparition de 60 000 postes, le pseudo-choix des collèges et lycées pour les familles, la mise en place d'une semaine de quatre jours en primaire, un discrédit général des résultats des évaluations, et une réforme du lycée contestée."
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- Privé-public, un vrai clivage
"Le clivage entre le privé et le public a toujours structuré le paysage éducatif français. Pendant des années, le PS et le PC se sont partagé le vote des enseignants du public, le PC recueillant jusqu'à 25 % du vote des instits, et l'enseignement privé, lui, votant plus largement à droite", rappelle l'historien Claude Lelièvre. A quoi Jérôme Fourquet ajoute que "les profs du privé votent comme les Français" et que "la vraie spécificité, dans ce pays, ce sont les enseignants du public". L'écart de comportement entre ces deux catégories lui fait ajouter qu'elles répondent tout simplement "comme deux professions différentes".
>> Lire aussi les témoignages : "J'ai l'impression qu'on m'empêche de bien faire mon métier"
- Les 60 000 postes laissent dubitatifs
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- François Bayrou loin des scores de 2007
En 2007, François Bayrou avait profité de la mauvaise image de la candidate socialiste chez les enseignants. Comme le dit l'historien Claude Lelièvre, "les enseignants percevaient Ségolène Royal comme une ministre de la famille égarée rue de Grenelle".
Pour "parfaire" encore son image auprès d'eux, elle avait déclaré lors de la campagne, filmée àson insu, que les enseignants devraient assurer 35 heures de pr
Par ailleurs, cela montre que le programme sur l'éducation présenté par François Bayrou le 4 février n'a pas forcément convaincu les enseignants. Ce programme, très républicain, semble s'adresser aux premiers de classe, à qui il offrirait un baccalauréat d'excellence.
- La lecture, une priorité pour tous
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