Les plus grands groupes grecs ont financé une campagne pour changer l'image de leur pays auprès des Européens. L'auteur de la campagne n'est autre que celui qui a renouvelé l'image de la firme à la pomme en 1997.
Le public visé est large: la campagne a non seulement été diffusée dans les élitistes quotidiens financiers Wall Street Journal Europe et Financial Times, mais aussi dans le très populaire journal allemand Bild. Bien que financée sur des fonds privés, la publicité a également été relayée par les ambassades grecques en Europe. Au-delà du slogan, elle insiste sur les réalisations de la Grèce. Ainsi, le pays «a adopté le plan d'austérité le plus sévère de l'ère moderne», affirme-t-elle en se basant sur un constat de l'OCDE.
Cette campagne vient combler un vide: depuis le début de la crise, la Grèce n'a pas su mettre en avant ses avancées, estime un bon connaisseur du pays. Après avoir obtenu auprès des dirigeants de la zone euro et du FMI un second plan d'aide international de 130 milliards d'euros en échange d'un nouveau plan de rigueur, le pays l'assure: «la Grèce change».
Redresser l'image du pays s'annonce ardu. Particulièrement en Allemagne: selon un sondage publié dimanche, 53% des personnes interrogées outre-Rhin s'opposaient au versement d'une nouvelle aide à la Grèce, voté lundi par le Bundestag.
Le défi ne fait pas peur à Peter Economides. Ce Grec de la diaspora né en Afrique du sud a été mandaté pour réaliser la campagne. Il a l'expérience des clients désespérés: le publicitaire a participé au renouvellement de l'image d'Apple en 1997 en créant avec Steve Jobs le slogan «Think different» («Pensez autrement»). Il compare la Grèce actuelle à la firme à la pomme à la fin des années 90: «Il n'y avait aucun nouveau produit, les ordinateurs étaient lents, la société perdait des parts de marché. Nous nous sommes concentrés sur l'ADN d'Apple en montrant à quoi pourrait ressembler un futur fondé sur l'innovation.»
Le publicitaire veut faire de la Grèce «l'Apple de la Méditerranée». Il a lancé en 2011 une campagne personnelle en ce sens sur les réseaux sociaux, «rebranding Greece» (changer la marque Grèce). Ambitieux programme: s'adresser aux Grecs les plus talentueux et innovants pour leur redonner l'espoir et l'envie de rester dans leur pays. Malgré les faits. Le taux de chômage a atteint 20,9% en novembre, la récession pourrait se prolonger encore deux ans et la dette publique culminera toujours aux alentours de 120% du produit intérieur brut en 2020. «Il ne s'agit pas d'opposer les faits et l'espoir», répond Peter Economides. Et de paraphraser Obama: «Yes we can! Oui, nous pouvons sortir de la crise par le haut.»
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