mercredi 29 février 2012
Silences trompeurs
Les fracassantes annonces électorales assourdissent de cruelles réalités qui, apparemment, n’inquiètent pas les candidats à la présidentielle. Pourtant, les évidences ne manquent pas. D’abord, avec l’euro, la France ne contrôle plus sa politique monétaire et – théoriquement – pas davantage sa politique budgétaire. Ensuite, il y a cette vérité rappelée par le G20 à Mexico et rabâchée par le FMI : la crise de l’euro est loin d’être terminée.
Une crise qui prend même une nouvelle ampleur politique. Ainsi, lundi, le Bundestag a ratifié grâce à l’opposition sociale-démocrate et « verte » le nouveau plan d’aide à la Grèce. Mais la chancelière n’a pas fait le plein des voix dans sa propre majorité. Ce n’est pas le seul revers subi par Angela Merkel : dans son arrêt d’hier, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe soumet désormais toute décision concernant la monnaie unique, donc tous les engagements de l’Allemagne, à l’assentiment préalable des députés. En d’autres termes, l’exécutif berlinois est paralysé. Or, depuis des mois, Paris navigue dans le sillage de Berlin, en fidèle second prônant la « Merkozy » à toute l’Europe...
Mais voilà : des élus allemands, le ministre Schäuble en tête, ont livré leurs calculs. Ainsi, les 110 milliards du premier plan d’aide à la Grèce, les 135 du deuxième (s’ils sont versés) et les quelque 100 milliards de désendettement « volontaire-forcé » ne suffiront pas ! Manqueraient encore 70 milliards dans un énième plan. Parce que la Grèce est à bout. En théorie, une faillite déclarée du pays – comme en Argentine en 2001 - serait la meilleure des solutions, pour les Grecs aussi.
Malheureusement interviendrait l’« effet domino » dans la zone euro, faute d’une vraie politique monétaire, sous une vraie Banque centrale, dont les partis conservateurs allemands au pouvoir ne veulent pas.
Ce jusqu’au-boutisme idéologique est sidérant. Face aux surendettés grecs (et les autres...), les garants se comportent en « sur-créanciers », exigeant toujours plus de garanties pour ne pas avoir à réaliser leurs cautions (plusieurs dizaines de milliards pour les Allemands et les Français).
Mais pour combien de temps encore ? La facture viendra pour toute la zone euro. La campagne électorale française ne dit pas comment la payer. Quant au sommet européen de demain, inutile d’en attendre une réponse...
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