dimanche 26 février 2012
Derrière le lion, le renard
Le pouvoir politique est plein de tentations, Abdoulaye Wade, président du Sénégal, y a succombé à 85 ans, se privant d’une sortie qui aurait pu être glorieuse.
Quand il fut élu pour la première fois, en 2000, après une longue carrière d’opposant, tout le monde salua une victoire de la démocratie. Dans cette Afrique en proie aux coups d’Etat et aux règlements de comptes entre militaires, le Sénégal donnait l’exemple de l’alternance. Les urnes avaient parlé, leur verdict était respecté. Abdoulaye Wade et son prédécesseur Abdou Diouf furent conjointement honorés pour cette transition paisible.
Douze ans plus tard, l’ambiance est pourrie. Wade s’accroche au pouvoir comme Ben Ali en Tunisie. La Constitution prévoyait un maximum de deux mandats consécutifs, il en brigue obstinément un troisième.
Comme en Tunisie, la rue se cabre. Wade est conspué à cause de son carriérisme de vieillard alors qu’en Afrique les vieux chefs sont volontiers vénérés. Sous le slogan «la jeunesse contre Wade», l’émeute souligne la fragilité économique malgré les réformes, la corruption institutionnalisée, le clientélisme omniprésent, les allégeances claniques et le désenchantement d’un pays où les jeunes continuent de penser à l’exil.
Qu’il soit battu ou réélu (en exploitant les divisions de l’opposition), Wade n’entrera pas dans les livres d’histoire au côté de celui qu’il aurait tant aimé égaler, Léopold Sédar Senghor (1906-2001), père de l’indépendance sénégalaise, qui renonça à la présidence en 1980.
Wade, qui est intelligent et a de l’allure, se voit en lion plein de noblesse.
Mais ses ruses politiciennes en font un vieux renard qui tire sur trop de ficelles. On lui prête même des intentions dynastiques : Abdoulaye I er qui transmet la couronne à son fils Karim, 43 ans, actuel ministre de la coopération, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Énergie: est-ce là le dessein secret du vieux chef ?
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