INTERVIEW Anne-Laure Delatte, professeur d'économie à Rouen Business School, estime que la Grèce n'a plus vraiment le choix : elle doit se préparer au retour de sa monnaie nationale.
Depuis 2009, le ralentissement de l’économie grecque atteint - 12% et on s’attend à une récession de - 6% en 2013. Aujourd’hui en Grèce, un jeune sur deux est au chômage. Le peuple ne peut pas supporter l’austérité pendant dix ans.
Une sortie de l’euro peut-elle être salutaire pour la Grèce ?
Conserver coûte que coûte l’euro entraînera nécessairement une augmentation du chômage. Or, il existe une solution moins coûteuse sur le plan social, celle de la dévaluation. Mais pour dévaluer il faut avoir sa propre monnaie, ce qui achèverait d’exclure la Grèce des marchés financiers d’une part et qui risquerait aussi de faire sombrer le pays dans l’hyperinflation. Pourtant, même le Fonds monétaire international a montré que l’austérité ne porte ses fruits que lorsqu'elle est accompagnée d’une dévaluation. C'est ce qui s'est passé en Finlande en 1992.
Le retour de la drachme n'appauvrirait-il pas les Grecs ?
A l’automne dernier, la banque japonaise Nomura a tenté d’évaluer ce que vaudrait la drachme aujourd’hui. Ce serait 60% de ce qu'elle valait au moment de l’entrée dans la zone euro. Ce qui compte, si la Grèce récupère son ancienne monnaie, c’est d’éviter l’hyperinflation et cela dépendra du gouvernement. Une solution pourrait consister à opérer une "drachmisation" de l’économie c’est-à-dire à convertir l’ensemble des actifs en drachmes. Ensuite, il faut empêcher une sortie massive de l’argent du pays. Or, beaucoup de Grecs ont déjà anticipé la sortie de l’euro. Depuis l’automne, ce ne sont pas moins de 40 milliards d’euros de capitaux qui sont sortis du pays pour être placés ailleurs, soit 17% du PIB. Ces retraits ont bien entendu été effectués pour mettre à l'abri cet argent de tout risque de dévaluation.
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