La sortie de l'euro de la Grèce entraîne la fin de l'expérience de la monnaie unique. Chaque pays revient aux parités de 1999. Mais le dollar ne résiste pas à l'onde de choc. Un nouvel étalon monétaire s'impose.
Le défaut total de la Grèce, que tout le monde prédit depuis un an, aura donc bien lieu courant mars prochain, avec son corollaire, la sortie du pays de la zone euro. Ce n'est pas la fin du monde mais les conséquences seront, une fois de plus, aussi inattendues que précipitées.
En Grèce, le troc, déjà largement pratiqué, sera généralisé, la « nouvelle » drachme dévaluée de 70 % par rapport à l'euro, et la dette privée et publique, devenue insupportable, sera tout simplement annulée. De toute façon, le pays n'a plus accès aux marchés financiers, bénéficiera de l'aide du FMI, de la Banque mondiale et de la Berd pour faire tourner les infrastructures et l'État sera contraint de lancer un programme drastique de réductions des dépenses, avec suppression de l'armée et privatisation de l'Acropole.
Réaction en chaîne
L'épreuve sera terrible pour les jeunes, les retraités, les malades et les fonctionnaires. L'émigration massive et la solidarité devraient cependant amortir le choc social. Bien évidemment, la défaillance d'un État va provoquer la défaillance du pays le plus faible suivant.
C'est ce que les économistes appellent « la contagion ». Pressés par leurs opinions publiques, les pays du « Club Med » déclarent, chacun leur tour, leur incapacité à rembourser leur dette, le retour au protectionnisme et au contrôle des changes, et font appel à l'épargne forcée de leurs habitants. Dans le plus grand secret, durant le week-end pascal, la France et l'Allemagne décident de mettre un terme à l'expérience de la monnaie unique et préparent un retour aux monnaies nationales sur la base des parités de 1999.
À court terme, chacun y trouve son compte (sauf l'Allemagne) : les dévaluations compétitives dopent la croissance, l'inflation repart, les bilans bancaires s'améliorent. Certes, tous les États se préparent à de sévères cures d'austérité pour faire face à l'explosion du coût du service de la dette.
Mais chacun sait qu'une partie des dettes ne sera jamais remboursée. Les grands perdants sont les retraités et les rentiers, ceux-là mêmes qui avaient largement voté en faveur de la sortie de l'euro. Le « credit crunch » menace, les taux d'intérêt explosent. Cela tombe bien, il faut de toute façon changer nos modes de vie, consommer moins, apprendre la frugalité et suivre le nouvel indicateur PIB « bonheur ».
Problème, la contagion ne s'arrête pas aux frontières européennes. Déjà le dollar et la livre subissent les assauts des marchés. Le système financier international, vrillé par le jeu des contreparties et des produits dérivés, vacille. La volatilité des primes et des monnaies devient incontrôlable. Chacun tente de rapatrier ses capitaux.
La Chine et les États-Unis sont d'accord sur un point : il est grand temps de convoquer un nouveau Bretton Woods. Le discrédit sur le dollar, dernière devise de réserve, est tel que la fondation d'un nouvel étalon monétaire devient impérieuse. C'est chose faite durant l'été. Le nouvel étalon ne sera adossé à aucune monnaie. La parité avec l'or est partiellement réintroduite mais le coeur du dispositif repose sur une chambre de compensation internationale des dettes. Adieu l'euro, vive le mundo !
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