mardi 20 décembre 2011
Ne pas se plaindre, mais s'expliquer
La formule est très anglaise, il faut donc la citer en anglais : « Never complain, never explain. » Ne pas se plaindre, ne pas s'expliquer. Je fais ce que je dois, ou ce que je veux, sans avoir de comptes à rendre. Dans le premier cas, je suis conduit par ma morale ; dans le second par mon plaisir ; dans les deux, j'assume mes choix sans avoir à les justifier.
C'est l'expression de toute la superbe aristocratique, la manifestation orgueilleuse de l'autorité. Je suis votre chef ou votre roi, je ne vous dois rien et je ne vous demande rien d'autre que de me suivre sans rien attendre de moi. Évidemment, le principe fonctionne dans un régime autoritaire, moins dans une démocratie.Dans une société régie par la souveraineté du peuple, les élus doivent éviter de se plaindre et accepter de s'expliquer. Ce n'est pas toujours le cas. Il arrive que des responsables politiques, de premier plan ou pas, aux prises avec quelques difficultés judiciaires, s'empressent de se lamenter pour n'avoir pas à se justifier.
On a beaucoup plaint Jacques Chi-rac. Lui-même a indiqué qu'il ne ferait pas appel du jugement. « Je n'ai plus, hélas, les forces nécessaires pour mener, par moi-même, le combat pour la vérité. » Jacques Chirac, ou son entourage, utilise l'état de santé dégradé de l'ancien président de la République pour jeter l'éponge en s'appuyant sur la sympathie - très forte - de l'opinion.
Son grand âge, ses trous de mémoire, les services éminents rendus à la France devaient, pour certains, le dispenser de peine. C'est effectivement une triste fin de vie. L'homme et l'ancien chef de l'État méritaient mieux. Mais s'il avait accepté de s'expliquer plus tôt, de rendre les comptes qu'il devait aux Français, il n'aurait pas aujourd'hui à se plaindre que la justice le poursuive jusqu'au bout.
La démocratie est un combat quotidien contre de vieux réflexes. Nos élus, grands et petits, s'engagent, se battent, brûlent souvent leur vie au bénéfice de leurs mandats. On peut leur en savoir gré, on n'est pas obligés d'être ingrats. Mais on ne voit pas bien en quoi cet investissement personnel leur apporterait une immunité éternelle.
Élus, ils le sont parce qu'ils l'ont voulu. Élus, ils le sont aussi parce que nous l'avons voulu. Alors, quand leurs actions patinent un peu, quand leurs décisions surprennent, quand leur mandat s'achève, ils nous doivent des explications.
Et quand ceux qui font la loi, la votent et la défendent, se permettent de s'asseoir dessus, ils doivent bien quelques éclaircissements aux juges et au peuple. Et les fournir sans se plaindre.
Il arrive que des responsables politiques, de premier plan ou pas, s'empressent de se lamenter pour n'avoir pas à s'expliquer.
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