TOUT EST DIT

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samedi 17 décembre 2011

Gêne et tristesse

C'est un sentiment de tristesse et de gêne qu'éprouvent de nombreux Français à la suite de la condamnation de Jacques Chirac.

Tristesse parce que cet homme avait le prestige qu'il fallait pour représenter la France et le panache aussi. Que l'on se souvienne de la manière dont il avait interpellé les services de sécurité israéliens qui, lors d'un de ses voyages à Jérusalem, s'efforçaient d'empêcher de nombreux Palestiniens de saluer le Président français.

Jacques Chirac avait aussi, dans l'exercice de ses fonctions, cette chaleur humaine qui le rendait sympathique à beaucoup. C'est cela qui fait aujourd'hui l'incontestable popularité dont il bénéficie.

Tristesse aussi de voir, à travers lui, la fonction de président de la République en quelque sorte dévalorisée. Le Président ne serait plus qu'un simple personnage parmi tous les autres alors que, tout de même, la nation se trouve en quelque sorte concrétisée en lui.

Le Président en tant qu'homme n'est pas au-dessus des autres. Mais sa charge de Président, sa responsabilité en font, qu'on le veuille ou non, un personnage à part. C'est cela qui provoque aussi ce sentiment de malaise que beaucoup éprouvent aujourd'hui.

Méritait-il cette épreuve au soir de sa vie ?

Ce malaise est dû à nos contradictions. Oui, nous savons que notre société a un devoir de justice et que personne ne doit y échapper. Mais, en même temps, nous voyons bien que des dizaines d'années après ces faits qui concernent la mairie de Paris, il n'est pas évident que ce devoir de justice puisse être authentiquement accompli. Le jugement ou ce qui l'entoure, c'est-à-dire les causes, les explications, les attendus sont en quelque sorte devenus anachroniques. Il y a comme un déphasage qui surprend...

Mais en même temps, nous pensons qu'il est bien difficile et qu'il peut être dangereux pour notre démocratie de juger un Président en exercice. Même s'il n'était pas condamné, il serait alors placé dans l'incapacité de remplir réellement, pleinement, librement ses fonctions.

On le voit, c'est la justice qui conduirait le Président à la démission quasi automatique car n'importe quelle accusation, même mineure, pourrait y conduire si elle était retenue par un tribunal, ne serait-ce que pour enquêter. Un doute irrémédiable serait jeté sur le Président. Son insécurité serait importante et pourrait le paralyser partiellement. Ainsi, serait créée l'instabilité au plus haut niveau de l'État, ce qui serait dangereux.

Malaise, gêne, tristesse encore car Jacques Chirac a consacré sa vie au service de la France. On doit le reconnaître, même si l'on n'a pas toujours été d'accord avec lui, et, Président, il l'a servie avec rectitude. Le vieil homme qu'il est devenu ne méritait sans doute pas cette épreuve au soir de sa vie.

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