jeudi 11 août 2011
Les refus de solidarité
Une fois de plus, on n'a pas célébré le 4 août. En 1789, la noblesse renonça solennellement à ses privilèges. Aujourd'hui, la noblesse d'argent n'y songe guère. Sauf à agir comme de nombreux milliardaires américains, répondant à l'appel de l'un des leurs, Warren Buffett. Ils ont donné le plus gros de leur fortune à des institutions éducatives ou d'assistance sociale.
Si nos milliardaires français, pourtant sollicités, en faisaient autant, la somme recueillie permettrait à elle seule de financer l'aide alimentaire à la Corne d'Afrique mourant de faim. Il est vrai qu'aux États-Unis, on vient d'assister au refus des fortunés de laisser augmenter leurs impôts pour diminuer la dette, tout en exigeant qu'on limite les programmes exprimant la solidarité avec les plus faibles.
En France, les refus de solidarité sont du même ordre. Les rémunérations, les avantages financiers complémentaires, les retraites considérables assurées à vie au bout de peu d'années en responsabilité, constituent un ensemble qu'on peut qualifier d'indécent. Sans que, pour autant, les privilégiés se rendent compte de cette indécence. Recevoir des millions d'indemnités après une mauvaise gestion alors que cette gestion réduit les salariés au chômage, voilà qui ne semble gêner aucun bénéficiaire.
Il est question de déchoir de la nationalité française des récidivistes français depuis moins de dix ans. Pourquoi ne pas retirer alors la nationalité aux « émigrés », aux « réfugiés » fiscaux en Suisse ou au Liechtenstein ? Les sommes dont chacun d'eux prive la collectivité nationale sont tellement plus importantes que le larcin, même renouvelé, d'un jeune délinquant dans un grand magasin !
Nous vivons en un temps étrange. Oui, il faut, pour faire progresser les désavantagés par leur milieu social, que l'enseignement soit plus individualisé. Donc, on supprime massivement le nombre d'enseignants. Il faut que les malades, dans les hôpitaux, reçoivent des soins plus humanisés. Donc, on supprimera massivement les postes d'infirmières. Il faut que les plus démunis soient aidés, logés, nourris. On diminuera donc drastiquement le soutien aux associations qui ont cette visée. Qu'est-ce qu'une solidarité proclamée, mais déniée dans les faits ?
C'est ce déni qui crée le sentiment justifié d'une rupture dans notre société, entre une petite strate ignorant la solidarité, et une strate sans cesse grandissante de citoyens et de citoyennes qui trouvent leur liberté de plus en plus abstraite, faute d'une marche perceptible vers plus d'égalité, faute aussi d'une fraternité ressentie.
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