Cette enquête propose une explication de la crise pays par pays et révèle ses conséquences pour l'économie mondiale et les économies africaines, en particulier celles des pays liées à l'euro, comme ceux de la zone CFA.
La Grèce : Ce pays avait en 2001 une dette de plus de 100% la valeur de son PIB lorsqu'elle adopté l'euro. Mais l'entrée dans l'euro lui a permi de réduire le taux d'intérêt de sa dette, dès lors que le marché des obligations n'était plus inquiété par l'inflation ou une monnaie dévaluée. La Grèce a alors connu un boom économique entretenu par des taux d'intérêt bas et un endettement permanent encouragé par le faible loyer de l'argent. Le pays avait loué les services de plusieurs compagnies financières de Wall Street, en particulier Goldman Sachs, pour l'aider à maquiller son endettement afin d'échapper aux contraintes des règles strictes de l'UE. En Octobre 2009, le gouvernement conservateur est battu aux élections et le nouveau gouvernement socialiste annonce que le déficit est le double de ce qui avait été estimé. La dette de la Grèce est alors immédiatement dégradée par les agences de notations.
La situation s'aggrave en 2010, lorsque les porteurs d'obligations institutionnels se mettent à revendre la dette grecque et que les agences de notation persistent à dégrader sa côte. Le gouvernement réagit par une série de mesures d'austérité. En Avril 2010, le premier ministre grec, Georges Papandreou, demande au Fonds monétaire international et à l'Union Européenne de mettre en place un plan de sauvetage. L'initiative est suivie par un abaissement de la dette grecque par Standard & Poor's (S&P). La Grèce est désormais classée pays à risque, un statut qui lui est également appliqué par Moody's. La Banque centrale Européenne s'engage alors à renflouer le pays. Puis l'UE et le FMI mettent en place conjointement un plan de sauvetage d'environ $145 milliards conditionné à des mesures d'austérité visant à ramener l'endettement à 13% du PIB. L'UE met en place, dans la foulée, un dispositif appelé Facilité Européenne pour le financement de la stabilité dont le but est de profiler les prochains plans de renflouement pour des pays en difficulté.
Pourtant le plan de sauvetage va se solder par un échec avec une érosion de la croissance qui a aggravé la situation financière de la Grèce. Au mois de juin dernier, S&P réduit la note de la dette grecque à CCC, la plus faible note attribué dans le monde à un gouvernement. Ce qui conduit Andreas Papandreou a remanier son gouvernement et à soumettre ce dernier à un vote de confiance devant le parlement. Malgré des manifestations populaires de ses concitoyens opposés au plan d'austérité, le gouvernement obtient la confiance du parlement pour l'appliquer et y ajouter d'autres mesures toutes aussi sévères. Entretemps, la France et l'Allemagne ont finalisé un autre plan de renflouement avec l'UE qui va apporter $145 milliards supplémentaires et encourager des porteurs d'obligations privés d'apporter leur soutien. Moody's n'en a pas moins degradé une nouvele fois la dette grecque estimant que la faillite était "virtuellement certaine à 100%".
L'Irlande : Contrairement à la Grèce, l'Irlande avait un budget équilibré avant d'être frappé par la crise. Toutefois, elle avait également une immense bulle spéculative dans le secteur immobilier, encore plus importante que celle des Etats Unis. Avant la crise, 25% de son économie était impliquée dans la construction immobilière, alors que dans les économies normales, ce taux est de 10%. Lorsque la crise financière frappe en octobre 2008, la bulle éclate et le gouvernement annonce qu'il va couvrir toutes les pertes des banques, dans le but de calmer les marchés. Mais cette promesse s'est révélé désastreuse, car le système bancaire a fini par imploser. En janvier 2009, l'Irlande nationalise une des ses plus importantes banques et en octobre 2010, elle opére un renflouement de certaines autres. A ce moment là, son budget est handicapé par un déficit représentant 32% de son PIB. Le mois suivant, l'UE et le FMI lancent un plan de sauvetage de $90 milliards pour l'Irlande.
En mars dernier, le gouvernement en place est écarté du pouvoir à l'issue des élection générales et le nouveau gouvernement a promet de réduire les intérêts des finacement engagés par le plan de l'UE et du FMI. Une promesse honorée en juillet. Pourtant le 12 juillet Moody's dégrade la dette Iralandaise en la classant comme étant à rique.
Le Portugal : A la différence de l'Irlande et de la Grèce, le Portugal possède un des meilleurs records en matière de redressement au cours de la première phase de la crise économique. Toutefois la panique créée par la crise grecque a affecté le pays entre la fin 2009 et le début 2010. Ceci principalement à cause de la peur de ce que le pays ne pourrait pas s'en sortir sur le long terme, mais aussi à cause des prévisions annonçant un important déficit. Sa productivité est en dessous de la moyenne et le système légal considéré par certains comme dépassé. Par ailleurs les lois sur le droit du travail sont jugées restrictives et considérées comme un frein pour la croissance.
En novembre 2010, le marché a poussé les taux d'intérêt à la hausse à tel point qu'il a fallut envisager un plan de sauvetage face à l'endettement. Finallement le gouvernement portugais a fait appel au plan de renflouement de l'UE qui a approuvé un montant de $116 milliards. Un parti de centre-droit est maintenant au pouvoir qui s'est engagé à respecter le plan de sauvetage, tout en indiquant qu'il pourrait y avoir nécessité d'un deuxième plan.
L'Espagne : Comme l'Irlande, l'Espagne a connu une bulle spéculative sur le marché de l'immobilier qui a conduit à la crise. Celle-ci a frappé la croissance du pays malgré le fait que celui-ci possède un secteur financier plutôt bien géré. Mais face à des déficits largement supérieur à ce qui était prévu, l'Espagne a adopté une série de mesures d'austérité en mai 2010. L'agence de notation Fitch a réagit en abaissant sa dette qui était alors à AAA, craignant que ces mesures heurtent la croissance. Moody's a suivi en septembre. Pourtant en mars 2011, l'Espagne a annoncé qu'elle a atteint son objectif de réduction du déficit de l'année précédente.
Mais Moody’s l'a une fois encore dégradé, souligant les inquiétudes sur une croissance au ralenti. Ces derniers jours, alors que les inquiétudes sur une faillite de la Grèce ne cessent de croitre, les taux d'intérêts ont bondi en Espagne, suscitant la peur que le pays ai besoin d'un plan de sauvetage que les autres pays Européens ne seraient pas capable de supporter. Les dirigeants espagnols affirment qu'ils envisagent un nouveau tour de vis dans l'austérité. Quant à Moody's elle a mis la dette du pays en alerte pour une eventuelle autre baisse de sa notation.
L'Italie : Face à sa dette colossale et sa faible croissance, la peur de voir l'Italie connaitre une crise de sa dette s'est installée depuis plusieurs mois. Mais celle-ci s'est accentués après que S&P ai abaissé la notation de la dette italienne en mai dernier. Au mois de juin Moody's a également menacé de la dégrader soulignant la hausse du loyer de l'argent et la perspective de voir le premier ministre Silvio Berlusconi, qui fait face à une procédure juduciaire, être éjecté du pouvoir. Ces derniers jours les taux d'intérêt ont bondi face à la menace d'un effet domino provoqué par la crise grecque qui entrainerait l'Espagne et l'Italie.
La Facilité Européenne pour le financement de la stabilité pourrait sûrement permettre de financer l'Espagne. Mais l'Italie, la troisième économie de la zone Euro sera probablement trop chère, voire impossible à renflouer.
Quelles conséquences pour la zone euro ? De nombreux experts soutiennent que le modèle économique de l'Union Européenne qui concentre la politique monétaire au sein de la Banque centrale Européenne et laisse la responsabilité de la politique fiscale aux Etats n'est pas efficace car elle prive les gouvernements des leviers de la politique monétaire indispensable pour soutenir les efforts de redressement. C'est cette politique monétaire qui peut permettre de réguler les taux d'intérêt et les tenir bas. Deux options se dessinent dans les thèses avancées par les experts. La première est que la zone euro va perdre des membres tels que la Grèce, l'Espagne et l'Italie soit tous les trois soit un des trois, avec pour conséquence de repenser complètement l'union monétaire. L'autre option est de mettre en place une union fiscale européenne plus stricte pour faire en sorte que la politique fiscale soit coordonnée au niveau continental, en donnant à l'UE les prérogatives d'un état souverain.
Quelles conséquences pour les Etats Unis ? les institutions financières américaines possèdent d'importantes intérêts Européens qui pourraient être perdus si la zone euro s'installe dans la crise. Par exemple, la dette européenne représente près de la moitié des fonds du marché monétaire des holdings. Cette crise entraine également des coupes dans les dépenses et la réduction des emprunts, ce qui affectent les exportations américaines vers l'Europe et fragilise le redressement américain.
Quelles conséquences pour la zone CFA ? La principale menace est une dévaluation du franc CFA, car les économies de la zone sont exposées au renchérissement de leur produits alors que la poussée inflationniste dans la zone euro rend plus chers leurs importations. Mais la crise européenne paradoxalement les poussent de plus en plus vers les pays émergeants comme la Chine, l'Inde ou le Brésil pour financer leurs projets d'insfrastructures et les réaliser. Ce qui n'est pas forcémment une mauvaise chose.
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