mardi 26 juillet 2011
Fou à tuer
Breivik n'est pas le guerrier d'une quelconque armée de fanatiques, pas plus que le kamikaze d'une mouvance terroriste d'extrême-droite qui se serait choisi la petite et discrète Norvège pour cible stratégique. À trop vouloir satisfaire l'ardente obligation d'expliquer l'inexplicable, dont nous nous sommes auto-investis, nous théorisons, nous psychologisons et même nous politisons en oubliant la plus simple des réalités : le tueur d'Oslo est un déséquilibré. Il n'est pas le soldat d'une religion, mais un de ces malades en liberté qui nous entourent et sur lesquels les services spéciaux n'ont aucune prise puisqu'ils n'ont rien commis avant. La tragédie d'Utoeya n'est pas un acte de guerre mais un effroyable fait divers aux conséquences inhabituellement atroces et douloureuses au pays du Nobel de la paix.
Le psychopathe a alimenté son délire avec la haine de l'autre, de sa couleur, de sa religion. Breivik s'est construit une idéologie fictionnelle dont il s'est imprégné jusqu'au passage à l'acte. Il s'est fabriqué un objet à détruire et, signe d'un cerveau détraqué, il l'a anéanti en clamant qu'il serait le plus grand monstre depuis 1945. On n'est pas ici dans le terrorisme des tours jumelles de New York mais dans la folie.
Ses théories sont trop naïves pour que l'on puisse ranger Breivik dans les fondamentalistes chrétiens ou la droite extrême et organisée pour mener ses combats xénophobes. Suffit-il qu'un désaxé s'affirme antimarxiste et s'invente une « croisade » pour que nous en fassions le concepteur d'un modèle idéologique ? Allons, nous ne sommes plus au temps d'Urbain II. Le choc et l'émotion extrêmes viennent ici de l'ampleur du bilan et aussi de ce que le tireur est un Norvégien « de souche », blanc et blond aux yeux bleus. Mais les ressorts sont les mêmes pour le tueur de masse que pour une prise d'otages dans une école, pour les forcenés armés du lycée Columbine ou celui du campus de Virginia Tech.
Avec sang-froid et dignité, le Premier ministre Jens Stoltenberg a affirmé que la haine et le deuil n'empêcheraient pas la Norvège de rester le pays du dialogue et des libertés publiques. Même dans la douleur, on peut être un modèle de démocratie.
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