dimanche 19 juin 2011
Arabie saoudite, royaume misogyne
A l’appel de Manal al-Sharif, une Saoudienne de 32 ans arrêtée le 21 mai pour avoir posté une vidéo sur Youtube où elle conduisait une voiture, des femmes ont décidé de manifester en faveur du droit de conduire en Arabie saoudite, vendredi. Une véritable révolution dans cette monarchie islamiste qui finance les mouvements radicaux dans le monde entier et combat toute conception libérale de l’islam et toute émancipation des femmes. Rappelons que les femmes saoudiennes sont des éternelles « mineures », qu’elles ont toujours un « tuteur légal », qu’elles ne peuvent jamais conduire, même pour aller visiter leurs malades quand elles sont médecins, et qu’elles ne peuvent voyager qu’avec une autorisation du père ou du mari.
Effet boule de neige
Nombre de Saoudiens et de travailleurs étrangers croupissent en prison juste parce qu’ils sont démocrates, athées, ou même convertis au christianisme, et maints blogueurs libéraux ont été arrêtés. Certes, aucune manifestante n’ose demander le départ du roi et les défenseurs de Manal al-Sharif se limitent à réclamer le droit de conduire. Mais les autorités craignent l’effet boule de neige et ont compris que le vent de liberté révolutionnaire passe désormais par les femmes : une pétition d’intellectuels en faveur de Manal al-Sharif diffusée sur Youtube a recueilli des milliers de signatures ; et les Saoudiennes ont même osé réclamer le droit de vote fin avril. Les réseaux sociaux du Net sont donc suivis de très près, la page Facebook de Manal et d’autres féministes ou même de libéraux saoudiens sont bloquées par les services saoudiens (*). Les journalistes qui ont signé la pétition soutenant l’instauration d’une monarchie constitutionnelle ont été suspendus ou arrêtés. Quant aux jeunes manifestants saoudiens désireux d’imiter leurs frères tunisiens ou yéménites, ils sont systématiquement mis en prison, ceci sans que les alliés occidentaux ne s’en offusquent et sans que « l’indignation » des « révolutionnaires progressistes » à la Stéphane Hessel ne soit réveillée. En réaction à l’appel des femmes à manifester, les mâles saoudiens inquiets ont été jusqu’à lancer une « campagne du Iqal » (cordon qui permet d’attacher le couvre-chef des hommes) pour « remettre les femmes au pas », invitant les hommes à corriger les conductrices avec ce cordon…
« Printemps arabe »
La « campagne du Iqal » a rassemblé des milliers de machos saoudiens sur Facebook, ce qui prouve que les réseaux sociaux peuvent être aussi un outil pour les obscurantistes. Les religieux saoudiens « wahhabites » (islam sunnite ultra-rigoriste en vigueur dans le royaume) tentent de leur côté de rallier les mâles en expliquant dans leurs prêches qu’en conduisant les femmes iront voir leurs amants ou reviendront du travail saoules. Il est clair que personne ne peut rester indifférent au sort des femmes et des démocrates saoudiens. Selon moi, le « printemps arabe », que tout le monde salue béatement alors qu’il risque de porter au pouvoir des islamistes dans plusieurs pays, n’aurait pas dû commencer en Tunisie, où les femmes sont le plus libre, mais en Arabie saoudite, parrain de l’islamisme radical mondial.
(*) Notamment le site women2drive
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