Qu’elles seront longues les saisons, les heures et les minutes qui séparent encore le PS de la désignation de son candidat à l’élection présidentielle.
Elles comptent double dans la durée politique et l’histoire politique mesurera combien elles auront pesé lourd sur le chemin du retour au pouvoir que la gauche a tracé à l’avance : nous ne sommes qu’au printemps 2011 et les germes de rivalités internes, essaimés par les uns et par les autres dans le vent des ambitions individuelles, commencent déjà à donner des pousses qui pourraient s’avérer empoisonnées pour la moisson 2012.
Le grand Léo — Ferré — n’était pas si prosaïque, mais oui, décidément, avec le temps, va, tout s’en va, et avec lui les promesses d’une primaire apaisée et loyale qui auraient pavé la voie vers une victoire facile.
La montée en puissance de François Hollande dérange manifestement le scénario écrit à l’avance d’un retour triomphal de Dominique Strauss-Kahn. Quel effet de teasing restera-t-il au directeur du Fonds monétaire international quand il finira enfin par se déclarer, sans doute en mai ? Que restera-t-il du désir d’avenir qu’auront attisé, des mois durant, son absence et le mystère sur ses intentions présidentielles ?
La stratégie de la rareté montre toutes ses limites avant même que le champion des sondages revienne en France. Lucide, DSK s’attendait lui-même à perdre des points dès lors que son retour le banaliserait. Mais pas si tôt.
Le concept séduisant du candidat virtuel, sorte de héros providentiel des socialistes, est aujourd’hui doublement battu en brèche. L’appétit vient naturellement en mangeant à la première secrétaire du PS : sa fonction fait d’elle une candidate. L’opiniâtre maire de Lille n’est peut-être plus si sûre de vouloir s’effacer devant l’exilé de Washington.
Quant à son prédécesseur, rue de Solférino, il a privilégié une campagne de terrain de longue haleine et elle a entamé officiellement sa course hier soir à Clichy-la-Garenne. L’éternelle histoire de la tortue qui avance, avance, sans se retourner et finit par battre le lièvre ?
Dans une version optimiste, la division du parti dans ce match à 3, 4, 5 ou 6 — puisque Ségolène Royal ne détellera pas — ne sera qu’un épisode. Et les compétiteurs, quelles que soient les amabilités qu’ils s’échangeront, pourraient tous finir par se retrouver derrière le vainqueur à la manière d’un Obama rassembleur des démocrates américains et des supporters d’Hillary Clinton.
Mais le précédent socialiste français de 2007 n’augure pas forcément du dénouement à l’américaine de 2008.
En faisant bouillonner les exaspérations, le faux suspense DSK ne peut que recuire les jalousies, mitonner les petites phrases assassines et provoquer l’indigestion du grand public devant des recettes de communication aussi pesantes.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire