TOUT EST DIT

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jeudi 24 mars 2011

Inquiétudes

La première menace qui pèse sur l'intervention aérienne en Libye c'est l'oubli de ce qui l'avait justifiée : le sauvetage in extremis de la population de Benghazi. Avec les jours qui passent au rythme des frappes contre les moyens militaires du colonel, c'est maintenant l'incertitude sur la suite de cette aventure qui constitue la menace essentielle. Le large soutien des parlementaires lors du débat d'hier, n'est pas exempt d'inquiétudes auxquelles François Fillon et Alain Juppé ont répondu. En partie du moins.

Les divergences qui se sont exprimées en Europe, en Afrique, dans certains pays arabes ont provoqué une sorte de brouillard dangereux qui risque de saper la légitimité de cette opération, donc d'encourager Kadhafi pourtant affaibli militairement. Le flou sur le commandement, source de bien des réticences, devrait être levé prochainement par la mise en place d'un pilotage politique, associant notamment les états arabes. Même si ses capacités sont utilisées, ce n'est donc pas l'Otan qui dirigerait cette intervention annoncée de courte durée.

Le risque d'enlisement, ou même de semi-échec, menace pourtant la coalition. Intervenue au titre de la protection du peuple libyen, elle dispose d'un mandat assez extensible, du moins à court terme, pour autoriser des actions militaires offensives, mais dont les limites vont vite apparaître. Car ce ne sont pas les frappes qui vont automatiquement obtenir le départ de Kadhafi ni instaurer par magie la démocratie. Tout va donc dépendre, une fois restauré un meilleur équilibre des forces, des protagonistes eux-mêmes.

Là est l'incertitude la plus lourde. Pour la rébellion, la reconquête ne s'annonce pas facile. Car, s'il survit, Kadhafi peut avoir les moyens de jouer l'embrouille. La coalition lui propose la fin des opérations militaires en échange d'un cessez-le-feu et du retrait de ses troupes. En somme, il lui est demandé de laisser les insurgés regagner partout le terrain perdu. Comme on le voit mal, sauf heureux imprévu, prêt à ce genre de reddition, le scénario de la paix et de la démocratie n'est ni écrit ni visible sur les écrans radars des avions.

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