Mais sur plusieurs points, Jacques Delors a tenu des propos peu consensuels, surtout en Allemagne. Alors qu'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, prenant acte du traité de Lisbonne, privilégient désormais Hermann von Rompuy, président permanent du Conseil, au détriment de Jose Manuel Barroso, président de la Commission, Jacques Delors a sévèrement dénoncé le " mépris " dans lequel est tenu son successeur.
Surtout, il a indirectement pris ses distances avec le Traité de Lisbonne en regrettant que, désormais, le droit d'initiative revienne d'un côté à Hermann van Rompuy, de l'autre au Parlement européen et que la Commission soit réduite à un rôle d'expert, rôle qui selon lui ne lui convient pas et qu'elle remplit d'ailleurs assez mal. S'il reconnaît un réel savoir-faire à Hermann van Rompuy, Jacques Delors dénonce le rôle de " chef d'orchestre invisible " que le traité de Lisbonne lui assigne.
"La coopération renforcée est pourtant prévue par les Traités. Sans elle, on n'aurait jamais eu ni les accords de Schengen ni l'euro " remarque-t-il. En revanche, Jacques Delors semble soutenir le refus allemand de créer des Euro-bonds qui permettraient de mutualiser partiellement les dettes des pays européens. Plus exactement, il est " favorable à ce que l'Europe emprunte pour des investissements concernant son avenir. Pas pour payer ses dettes passées ".
Enfin, Jacques Delors se montre très critique vis-à-vis du refus franco-allemand d'envisager l'intégration de la Turquie dans l'Union. "On n'aurait pas du dire non avant de réellement négocier ". S'il reconnaît la complexité du sujet, l'adhésion de la Turquie semble, selon lui, le meilleur moyen de donner tort aux partisans du "clash des civilisations".
Cette négociation aurait également dû permettre de régler la question chypriote."Que celle-ci soit traitée par les Nations-Unies est une véritable honte pour l'Europe " juge l'ancien président, très applaudi par son auditoire à la recherche d'une nouvelle " vision pour l'Europe ".
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