TOUT EST DIT

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dimanche 30 janvier 2011

Les leçons d'Europe de Jacques Delors

Pour la deuxième année consécutive, le groupe des Verts allemands au Parlement européen organisait vendredi 28 janvier, à Berlin, une conférence sur l'avenir de l'Europe avec une personnalité non issue de ses rangs.
Après l'ancien commissaire à la concurrence Mario Monti, c'était au tour de jacques Delors de s'exprimer devant cet auditoire. Sans surprise, l'ancien président de la Commission européenne (1985-1994) a surtout regretté que les chefs d'Etat et de gouvernement européens actuels manquent de vision et soient davantage pompiers qu'architectes.
Mais sur plusieurs points, Jacques Delors a tenu des propos peu consensuels, surtout en Allemagne. Alors qu'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, prenant acte du traité de Lisbonne, privilégient désormais Hermann von Rompuy, président permanent du Conseil, au détriment de Jose Manuel Barroso, président de la Commission, Jacques Delors a sévèrement dénoncé le " mépris " dans lequel est tenu son successeur.
Surtout, il a indirectement pris ses distances avec le Traité de Lisbonne en regrettant que, désormais, le droit d'initiative revienne d'un côté à Hermann van Rompuy, de l'autre au Parlement européen et que la Commission soit réduite à un rôle d'expert, rôle qui selon lui ne lui convient pas et qu'elle remplit d'ailleurs assez mal. S'il reconnaît un réel savoir-faire à Hermann van Rompuy, Jacques Delors dénonce le rôle de " chef d'orchestre invisible " que le traité de Lisbonne lui assigne.
A CONTRE-COURANT SUR LA TURQUIE
Autre critique directe du gouvernement allemand : le refus d'Angela Merkel de recourir au système dit de " coopération renforcée " qui permet à certains Etats d'avancer plus loin que ne le permettrait la règle de l'unanimité. Contrairement à Paris, Berlin entend en effet que les réformes de l'union économique et monétaire se règlent au sein du Conseil où les Vingt-sept pays sont représentés.
"La coopération renforcée est pourtant prévue par les Traités. Sans elle, on n'aurait jamais eu ni les accords de Schengen ni l'euro " remarque-t-il. En revanche, Jacques Delors semble soutenir le refus allemand de créer des Euro-bonds qui permettraient de mutualiser partiellement les dettes des pays européens. Plus exactement, il est " favorable à ce que l'Europe emprunte pour des investissements concernant son avenir. Pas pour payer ses dettes passées ".
Enfin, Jacques Delors se montre très critique vis-à-vis du refus franco-allemand d'envisager l'intégration de la Turquie dans l'Union. "On n'aurait pas du dire non avant de réellement négocier ". S'il reconnaît la complexité du sujet, l'adhésion de la Turquie semble, selon lui, le meilleur moyen de donner tort aux partisans du "clash des civilisations".
Cette négociation aurait également dû permettre de régler la question chypriote."Que celle-ci soit traitée par les Nations-Unies est une véritable honte pour l'Europe " juge l'ancien président, très applaudi par son auditoire à la recherche d'une nouvelle " vision pour l'Europe ".

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