Attention aux avions poubelles
"L'avion sur lequel j'embarque pour trois heures de voyage pendant ces vacances est-il fiable et bien entretenu ?" ; "La compagnie aérienne suit-elle les règles de l'art ?" : "Les pilotes sont-ils à jour de leur formation ?" Autant de questions légitimes que se posent des millions de passagers avant de prendre l'avion. Plusieurs incidents aériens récents ont mis en exergue le déficit d'informations fiables et faciles d'accès sur la sécurité en vol. Décontenancés, certains passagers se fient à des impressions diffusées sur des forums ou des blogs.
Voyageurs, sachez déjà que la réglementation européenne est claire. Les compagnies aériennes battant pavillon des 27 pays membres ne peuvent se permettre aucune dérive en matière de sécurité. Les rappels à l'ordre sont immédiats et sévères, pouvant entraîner un arrêt de l'activité par suspension du certificat de transporteur aérien. La vigilance des autorités de tutelle (Direction générale de l'aviation civile en France, European aviation Safety Agency au niveau européen) est encore renforcée dès qu'un opérateur connaît des soucis financiers. Ainsi, en 2004, les vols d'Air Littoral avaient été suspendus alors que le dépôt de bilan n'était pas prononcé. La réglementation est aussi stricte que précise. Tout avion doit être entretenu conformément aux directives du constructeur. Il doit subir des visites quotidiennes, hebdomadaires, de 500 heures ou annuelles. Certaines pièces, même en bon état apparent, sont systématiquement remplacées, etc. La formation et le niveau des licences que doivent posséder les pilotes pour être aux commandes de tel ou tel type d'avion sont très contraignants et sans cesse révisés. Sont ainsi prévus, entre autres, trois entraînements au simulateur et un contrôle en vol par an.
Liste noire européenne
En France, la Direction générale de l'aviation civile publie différentes listes blanches dont celle des transporteurs aériens étrangers pouvant être affrétés par une compagnie française. C'est une garantie pour le passager. Une proposition de loi socialiste, qui devrait être discutée cet automne à l'Assemblée nationale, vise à "punir ceux qui commercialiseront des billets de compagnies aériennes inscrites sur les listes noires", pour mise en danger de la vie d'autrui.
Les autres transporteurs, ceux des avions non européens, sont contrôlés par les administrations des pays d'origine. Aujourd'hui, les autorités françaises peuvent toutefois procéder à un examen visuel et administratif de l'avion lors d'une escale (contrôles dits Safa) à Roissy, Orly, en province ou ailleurs en Europe. Même succincte, cette surveillance est efficace : régulièrement, des compagnies sont rappelées à l'ordre ; parfois des avions sont immobilisés tant que les défauts apparents ne sont pas éliminés. Cela permet aussi d'alimenter une banque de données européenne utile à la Commission quand il faut mettre à jour les listes noires. Cette liste est publiée depuis 2005 par la Commission européenne. Elle n'est pas du tout exhaustive et ignore, par exemple, les transporteurs latino-américains à soucis. Parmi les 152 compagnies interdites de tarmac européen, la majorité d'entre elles n'ont jamais eu l'intention ou la possibilité de voler en dehors de leurs pays (République du Congo, Angola, Sierra Leone, etc.).
Moins connu pour ses avis sur le transport aérien, le site du ministère des Affaires étrangères, dans les pages "conseils aux voyageurs", donne des informations pertinentes et complémentaires à celles diffusées par Bruxelles. Autre source fiable pour voler en bonne compagnie, la Federal Aviation Administration américaine publie la liste des pays qui ne respectent pas les normes minimales de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). On y trouve, entre autres, ceux d'Amérique latine, un peu oubliés par les fonctionnaires européens.
Loterie en bout de ligne
Les compagnies les plus problématiques sont en fait celles dites "de bout de ligne". Au vol international, effectué avec une compagnie de bonne réputation, fait suite la correspondance pour une ville de l'intérieur, assurée par un coucou délabré frappé d'un logo inconnu... Lorsque c'est possible, mieux vaut opter pour une compagnie filiale de celle qui a effectué le vol international. Hélas, certaines ne sont pas référencées par l'OACI car elles limitent leur réseau seulement à des liaisons intérieures. Seul le sérieux de l'autorité locale de tutelle peut garantir sa fiabilité.
Pour se faire une idée, consulter le classement des pays corrompus publié par Transparency International. Mais un vol à bord d'un avion à la fiabilité non garantie reste malheureusement parfois la moins mauvaise solution de voyage pour ceux qui veulent éviter les routes de certains pays d'Afrique ou encore les traversées à risques des ferries indonésiens.
dimanche 1 août 2010
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