TOUT EST DIT

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mercredi 15 décembre 2010

Où est le ballon ?

Il y a deux mois, en pleine crise des retraites doublée de crise financière irlandaise, la cause était entendue : la bataille politique de la présidentielle se jouerait à gauche. De nombreux indices allaient en ce sens, tels que les grandes manifestations pour défendre les acquis sociaux, les yeux de Chimène de Martine Aubry pour Benoît Hamon ou encore la percée de Jean-Luc Mélenchon dans l'opinion. Il y a un mois, la cause était à nouveau entendue : la bataille se jouerait au centre. La bulle médiatique créée depuis l'Elysée autour de Jean-Louis Borloo était tout entière gonflée de cette hypothèse centriste. Et voici que quelques semaines à peine s'étant écoulées, la cause se déplace nettement à droite. Il aura suffi d'un sondage créditant Marine Le Pen de 27 % d'opinions favorables pour qu'aussitôt le nouveau patron de l'UMP, Jean-François Copé, déclare que le débat sur l'identité nationale était parfaitement fondé, pour qu'un député du même bord approuve le dernier référendum suisse sur l'expulsion automatique de tout étranger sanctionné pénalement et pour qu'un ministre de l'Intérieur soutienne des policiers condamnés par la justice pour avoir, en leur qualité de fonctionnaires assermentés, monté de toutes pièces un faux témoignage risquant d'envoyer un innocent en prison.
Dans ces moments-là, les joueurs de rugby enchevêtrés dans la mêlée se demandent où est passé le ballon. Si l'on veut éviter que le match dégénère, il serait temps de rappeler quel est l'enjeu fondamental de l'année qui vient et de l'élection qui suivra. Il s'agit de dire aux Français de quelle manière et avec quels outils leur pays et l'Europe vont tenter de surmonter la plus grave crise économique survenue depuis 1929. Toutes les forces politiques républicaines doivent se concentrer sur cet objectif et lui seul. Ce qui distrait l'attention de cet enjeu n'est que temps perdu. Il est normal que le Front national cherche à tirer le débat ailleurs, vers ses thèmes habituels, puisqu'il n'a rien de sérieux à dire sur la crise. Mais il serait désastreux que d'autres jouent au même jeu.

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