TOUT EST DIT

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jeudi 30 décembre 2010

L'université relancée

Au 1 er janvier 2011, 73 universités sur 83 auront adopté un statut autonome, conformément à la loi dite LRU votée en 2007, qui fut, à n'en pas douter, l'une des premières manifestations tangibles de la volonté de Nicolas Sarkozy d'en finir avec le mythe d'une France impossible à réformer. En confiant aux établissements le soin de gérer leurs finances, leurs ressources humaines, voire de devenir propriétaires de leurs murs, en simplifiant leur gouvernance par plus de pouvoirs confiés à leurs présidents, l'Etat a eu le mérite de prendre à bras-le-corps un dossier brûlant, trop longtemps laissé en jachère par une classe politique toujours marquée par le syndrome de 1968 et la peur du jeune. Le prix de cet immobilisme est terrible : en dix ans, le nombre de bacheliers s'inscrivant en fac dès l'obtention de leur diplôme a chuté de la moitié à un tiers. Et chacun sait que dans les ménages aisés, la seule stratégie éducative qui vaille consiste à détourner ses enfants des universités au profit d'écoles payantes ou de filières courtes. Si l'on y ajoute la floraison de formations privées dont beaucoup ont pour seule vocation d'apaiser l'angoisse des parents quitte à ponctionner leur pouvoir d'achat, voici belle lurette que, dans la vie réelle, la marchandisation de l'enseignement a pris le pas sur le pseudo-égalitarisme défendu par les nostalgiques d'une période révolue. Fallait-il, au nom de cette évolution, laisser mourir une université qui n'a jamais eu en France la place qu'elle occupe dans d'autres pays et s'en remettre aux grandes écoles, les seules qui fascinent vraiment nos dirigeants et dont ils sont issus pour la plupart ? Fallaitil au contraire lui donner les moyens de se battre ? C'est cette dernière option qu'a choisie ce gouvernement. Bien sûr, il est trop tôt pour dire si la réforme actuelle porte en elle les germes d'un vrai renouveau. Les plus libéraux de ses contempteurs peuvent regretter qu'elle soit restée à mi-chemin, omettant par exemple d'introduire une sélection officiellement assumée alors qu'un nombre croissant de facs la pratiquent en sous-main. Les plus « progressistes » pourront regretter que l'on ne se soit pas attaqué aux droits d'inscription en les rendant proportionnels aux revenus des foyers. Les plus sceptiques, notamment les grands profs d'université, pourront à bon droit s'interroger sur l'impact de l'autonomie sur la qualité du savoir transmis et de la recherche. Comme toujours en France, on pourra tout dire de cette réforme, sauf qu'elle a enfin le mérite de prendre le problème en face : oui, l'université, comme la plupart des activités autrefois couvées des yeux par la puissance publique, est entrée dans la compétition mondiale. Avant de s'interroger sempiternellement sur sa réelle vocation, la moindre des choses était de lui donner les moyens de survivre.

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