TOUT EST DIT

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samedi 25 septembre 2010

Le hold-up de Biarritz

Ils ont chanté sous la pluie de Biarritz. Mais ce n'était pas sur un air sautillant de Michel Legrand, et sans l'absolue légèreté de Gene Kelly. Les flaques laissées par les averses politiques de ces dernières semaines et la mélancolie automnale d'un gouvernement usé ont ôté aux trois acteurs du jour toute envie de sourire. Jean-François Copé, Xavier Bertrand et François Fillon ont transformé les journées parlementaires de l'UMP en une tragi-comédie où les ambitions, les rivalités, les désirs de changement et les envies de continuité se sont télescopés et affrontés avec une férocité à peine dissimulée.
Les trois hommes sont désormais concurrents pour contrôler, d'une façon ou d'une autre, le parti majoritaire. Sans le moindre complexe, le président du groupe a lancé son OPA pour prendre les commandes du mouvement. A la hussarde, s'il le faut. Le député-maire de Meaux construit méthodiquement son parcours vers l'Élysée, horizon 2017, avec un culot très sarkozien. Mais ce chiraquien rallié trop tardivement, presque avec résignation, à la candidature Sarkozy, sait pertinemment que s'il attend qu'on vienne le chercher... il risque d'attendre très longtemps. Avec insolence, il a déjà écarté Matignon de son parcours et ne s'embarrasse guère de politesse pour abattre son jeu.
A l'exception d'un opportunisme sans état d'âme, tout éloigne le tempérament de cet énarque saillant et brillant, de la rondeur toute jésuitique de Xavier Bertrand. L'actuel secrétaire général s'est employé à se fondre dans l'ombre de Nicolas Sarkozy pour donner au président les gages d'une loyauté dépersonnalisée, expurgée de toute nuance. Il mise sur son effacement de bon disciple portant inlassablement et mécaniquement la bonne parole de l'Élysée quand « l'autre » ne cesse de jouer les enfants terribles pour toucher plus tard les dividendes de sa différence. Le premier tient encore l'appareil. Le second, les parlementaires, qu'il a séduits par son allant... et aussi par sa surenchère sécuritaire. L'un veut « en finir avec la langue de bois » -mais uniquement dans son livre- l'autre la revendique et la pratique avec ce brio lénifiant incomparable qui fait les vrais talents.
Les deux personnages, qui forment désormais un vieux couple politique, entretiennent depuis longtemps une authentique détestation. Aujourd'hui, ils ne peuvent plus la cacher, et leurs petits règlements de comptes entre ennemis intimes a tourné au pugilat par caméras interposées, sidérant les participants à la réunion de famille.
En mettant fin à l'affrontement de ces freluquets, le Premier ministre n'a pas seulement ramené le calme. Il a mis la main sur l'UMP. Un hold-up audacieux, sous les acclamations ! Les deux autres n'ont rien vu venir...

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