TOUT EST DIT

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vendredi 13 août 2010

Shoot politique

Encore une injection de passion ! Et sur certains dossiers comme celui qui agite la scène politique depuis hier, elle est particulièrement nocive.
Peu de débats peuvent susciter autant de polémiques que les « espaces surveillés de consommation de drogue ». L'exactitude de l'intitulé a son importance tant l'expression « salle de shoot », utilisée avec complaisance par certains médias, véhicule un imaginaire glauque qui suggère à lui seul la relégation.
Pour traiter d'une question de société aussi sensible, il faut - paradoxalement - évacuer les a-priori moraux, les préjugés et les convictions trop tranchées. L'examiner froidement, avec autant d'humanité que de lucidité. Discuter. Écouter tous les experts, les médecins, les consommateurs. Réfléchir sans être paralysé par trop de rigidités intellectuelles. On peut comprendre à la fois les réserves du président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues - qui estime philosophiquement discutable la création de tels centre - et les espérances des psychologues qui voient dans ces lieux le moyen d'organiser l'accueil des drogués et de surveiller l'hygiène de leurs pratiques.
Le problème qui est posé n'est pas celui d'une tolérance, d'une facilité ou même d'une indulgence à l'égard des addictions. C'est une affaire de santé. Vaut-il mieux laisser les toxicomanes se mettre en péril en se piquant n'importe comme au fond d'une cave ou affronter la réalité de leurs vies ?
La solution de facilité consisterait à se voiler la face sur une réalité de nombre de quartiers difficiles au nom de l'ordre et des principes. Mais nier que l'ouverture de telles salles pourrait créer un appel d'air pour le trafic serait une démarche tout aussi aveugle et irresponsable.
La solution, on le voit bien, c'est une réponse pragmatique, humaine, savamment dosée. Pas le couperet d'un décret d'interdit ou de généralisation. Et voilà que les politiques se déchirent sur un sujet aussi grave, là où ils devraient conjuguer leurs intelligences, car il n'est ni de droite, ni de gauche. On reste stupéfait devant la dureté et la brutalité avec lesquelles François Fillon a rejeté sans appel les propositions ouvertes de Roselyne Bachelot et Nadine Morano, ses ministres, suivies par des grands maires, courageux et réalistes, comme l'UMP Jean-Claude Gaudin. Le gouvernement ne pourrait-il pas prendre le temps d'étudier sereinement un phénomène qui concerne, et ruine la vie, de tant de jeunes ? Ou préférera-t-il asséner une idéologie fermée qui flatte l'aile la plus dure, et au delà, de son électorat ?

Olivier Picard

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