Quel tonitruant cocorico vendredi parce que la France a atteint 0,6% de croissance au deuxième trimestre et se place ainsi en tête des pays du « Club Med », les Etats du sud de l'Europe ! Mais l'Allemagne affiche fièrement 2,2% en profitant pleinement de la timide reprise mondiale.
Pourquoi ? Parce que l'économie allemande, grâce à la chimie et aux machines-outils, est structurellement orientée vers l'exportation ? C'est vrai, elle a su exploiter à fond la baisse de l'euro, une baisse pourtant décriée et redoutée outre-Rhin, alors qu'en France, elle était attendue comme le messie pour galvaniser nos ventes. Ce qui, paradoxalement, n'a d'ailleurs pas empêché le gouvernement d'expliquer les mauvais chiffres de notre commerce extérieur par cette même baisse de l'euro. Apparemment, quand rien ne va, on ne sait plus quel bouc émissaire charger...
L'exportation seule n'explique pas la reprise allemande. La demande intérieure est repartie et jamais nos voisins n'ont autant importé, notamment de France. Le chômage se stabilise à 7,5% et le chômage partiel a pratiquement disparu. Ce système de « Kurzarbeit » (chômage partiel), généralisé dans les grandes entreprises avec des indemnités allant jusqu'au salaire plein, est certes à court terme plus coûteux que le recours immédiat à l'assurance-chômage. Mais il est payant à moyen terme et, pour les salariés, psychologiquement plus acceptable par une flexibilité entrée dans les mœurs. Quand les commandes arrivent, le personnel répond présent. Inutile de réembaucher, de refaire des formations perdues d'avance avec de nouveaux licenciements au premier coup de froid...
Évidemment, tout n'est pas rose, et de loin, outre-Rhin. L'embellie actuelle dépend pour une large part d'une reprise mondiale fragile. Et l'Allemagne connaît des disparités sociales grandissantes avec de plus en plus de laissés-pour-compte tributaires des aides « Hartz IV ». Quant au gouvernement, il ne profite guère de la situation davantage due au dynamisme de l'économie qu'à l'action politique.
Néanmoins, toute l'Europe devrait se réjouir de cette croissance, dans l'espoir de s'accrocher à la locomotive allemande. Avec toutefois un risque de crises de jalousie suivies d'étalages égocentriques aux prochains sommets européens. Car les « grands » de l'UE ne jouent plus dans la même cour. Traditionnel aiguillon de l'Europe, le « couple » franco-allemand avance en claudiquant. Avec la France traînant la jambe et au discours discrédité par les « affaires » politico-financières qui font les choux gras de la presse allemande...
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