TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 21 mai 2010

Le risque et la vertu

Valéry Giscard d'Estaing sera ravi de savoir que Nicolas Sarkozy lui emboîte le pas en voulant inscrire dans la Constitution une règle d'équilibre des comptes publics. Il y a déjà longtemps en effet que l'ancien président de la République avait suggéré l'encadrement du déficit. Le contexte a bien changé depuis et il y a fort à craindre que la proposition d'hier, si elle peut se concevoir comme un garde-fou pour l'avenir, ne soit guère productive dans l'immédiat et face à l'urgence de combler, au moins en partie des déficits de l'État. Le temps n'est plus où l'on aurait fait marcher la planche à billets ou dévalué feu notre bon vieux franc de 10 %. Et puis faut-il encombrer notre constitution d'appendices sur les politiques conjoncturelles ? On a gravé dans son marbre le droit au travail sans pour autant empêcher le chômage.

Le problème est connu et vient de ce que l'on ne crée plus richesses dans notre pays qui doit faire face à des frais fixes qui ne diminuent pas. En fait la crise est plus une crise des recettes que des dépenses. Si l'on considère que l'on ne pourra pas apurer les unes sans augmenter les autres, alors l'augmentation des impôts n'est pas loin. C'est toujours le même cercle vicieux, on ne peut pas se contenter de limiter les dépenses pour ne pas freiner la croissance et risquer une trop forte période déflationniste.

Même s'il est vital de traiter le problème des déficits abyssaux, l'inconvénient de ce débat serait qu'il devienne le seul sujet de la bataille de 2012 et anesthésie toutes les autres confrontations sur la réforme de l'État et des comptes publics. La France doit mettre à profit ces moments difficiles pour faire preuve d'imagination et continuer à avancer sans s'obnubiler sur l'unique et castratrice vertu budgétaire.

Déjà bien secouées par la réforme institutionnelle et celle du mode de scrutin, les collectivités territoriales voient aujourd'hui se profiler le gel des dotations et la rigueur. En leur fermant le robinet pour cause de dette, on prend le risque de neutraliser l'action publique alors que ce dont on a besoin c'est d'un pacte national de reconstruction des services publics. On fait toujours mieux ensemble que séparément.

DANIEL RUIZ

0 commentaires: