TOUT EST DIT

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samedi 6 mars 2010

L'abstention fait trembler la droite comme la gauche

En s'exprimant dans la dernière semaine, Nicolas Sarkozy espère mobiliser son camp sans créer de sursaut de l'opposition.

«C'est aujourd'hui la principale clef du scrutin», rapporte un responsable de l'UMP. À huit jours du premier tour, l'abstention et son pendant politique, la mobilisation partisane, sont l'objet de toutes les inquiétudes dans les états-majors.

C'est que les instituts de sondages laissent entrevoir un record d'abstention pour le cru 2010 des régionales : près d'un électeur sur deux bouderait les urnes le 14 mars. Le scrutin cumule les handicaps : il est le plus récent du corpus électoral - il date de 1986 - et concerne l'échelon administratif le moins connu des Français. Il intervient en outre à mi-mandat présidentiel, dans une période de crise économique et sociale où les Français sont davantage en attente de politiques nationales que d'initiatives locales méconnues.

Pis, les régionales sont pour la première fois en vingt-cinq ans dissociées de toute autre élection, notamment des cantonales qui n'interviendront qu'en 2011.

Le précédent record d'abstention date de 1998, quand 58 % du corps électoral seulement s'était déplacé. Le résultat des élections avait alors été marqué par une poussée de la gauche - qui a notamment fait basculer l'Ile-de-France, le Centre ou Provence-Alpes-Côte d'Azur - et une grave crise de la droite, divisée entre partisans et opposants d'une alliance avec le Front national.

Au dernier scrutin régional, deux ans après la présidentielle de 2002 qui avait vu Lionel Jospin être éliminé au premier tour, le regain de mobilisation (66 % de participation) a profité à la gauche, qui dirige depuis 24 des 26 régions.

C'est pourquoi le PS et ses alliés craignent cette année une forte abstention malgré des intentions de vote qui leur sont favorables. Martine Aubry, la première, redoute cette victoire annoncée dans les sondages qui la priverait d'une victoire dans les urnes : «Tout est possible, nous pouvons gagner toutes les régions, mais rien ne serait pire que croire que la gauche a gagné», expliquait la première secrétaire du PS mercredi. «Il y a beaucoup d'hommes et de femmes en difficulté qui hésitent à voter. Je leur dis : l'abstention sert Nicolas Sarkozy et sa politique», a-t-elle ajouté.

Papillons sous les essuie-glaces

«À la différence de 2004, il n'y a pas de mobilisation contre nous et nous le sentons bien sur le terrain», assure le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre. Comme pour la gauche, la majorité semble en mesure de faire le plein des voix de son électorat fidèle, ce qui lui permet d'arriver en tête au premier tour dans les sondages dans une majorité de régions. Manquent cependant à l'appel ceux des électeurs qui voteraient davantage pour rejeter le projet de l'adversaire que par adhésion. D'où les mises en garde qui se multiplient à droite contre «l'abstention boomerang». Celle qui, en faisant perdre la majorité, ferait «gagner les hausses d'impôts et le laxisme sur les questions de sécurité», selon Lefebvre.

C'est d'ailleurs sur ces deux thèmes que la majorité s'apprête à faire le coup de force, en glissant d'ici le premier tour des milliers de papillons sous les essuie-glaces des voitures. Il y sera notamment question de la délinquance «qui a diminué de 14 % depuis que Nicolas Sarkozy a été ministre de l'Intérieur». Au-delà du choix de traiter de la sécurité, question sur laquelle les régions ne disposent pas de prérogatives, c'est l'entrée en lice du président de la République qu'il faut souligner. L'UMP espère que son implication saura créer le sursaut nécessaire sans mobiliser l'adversaire. L'entretien qu'il accordera au Figaro Magazine à la fin de la semaine prochaine relève à ce titre du quitte ou double.

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