Vingt ans après la chute du mur de Berlin, les controverses sur le coût de la réunification sont encore loin de s'éteindre. Dans son édition du dimanche 8 novembre, le Welt am Sonntag relance le débat en affirmant que quelque 1 300 milliards d'euros ont été transférés de l'Ouest vers l'Est de l'Allemagne depuis 1989, pour financer la modernisation de l'ex-RDA.
Le journal populaire s'appuie sur une étude de l'Institut de recherche économique de Halle (IWH), selon lequel les deux tiers de cette somme concernent des prestations sociales. Mais l'élément le plus étonnant dans ces résultats "n'est pas que le montant global soit élevé", relève le journal. "Nous avons été surpris par le fait que les transferts [financiers], ces dernières années, n'ont pas baissé : ils ont augmenté", explique le directeur de l'IWH, Ulrich Blum.
L'UTOPIE DU RATTRAPAGE ÉCONOMIQUE
Un autre économiste, le directeur de l'institut de recherche IW Michael Hüther, a estimé cette semaine que l'ex-RDA n'aurait bientôt plus besoin d'être sous perfusion financière - mais qu'elle devait abandonner l'utopie d'un rattrapage économique total de l'Allemagne de l'Ouest. Et ce malgré des indicateurs à première vue désastreux : le taux de chômage dans les "nouveaux Länder", les Etats régionaux de l'ex-RDA, est près de deux fois supérieur à celui de l'Ouest.
En revanche, pour le nouveau ministre de l'intérieur Thomas de Maizière, chargé de la "reconstruction de l'Est", l'ex-RDA devrait avoir rattrapé d'ici dix ans son retard économique vis-à-vis de l'Ouest du pays. "En 2019, d'un point de vue économique, les régions de l'Est seront sensiblement au même niveau que la moyenne des régions de l'Ouest", affirme-t-il dans les colonnes de Bild am Sonntag.
12 % DES ALLEMANDS REGRETTENT LE MUR
De son côté le ministre des transports Peter Ramsauer estime qu'après 20 ans d'efforts pour aider l'Est du pays, il était désormais nécessaire d'investir à nouveau à l'Ouest. Les investissements dans les infrastructures à l'Ouest ont été "négligés ces deux dernières décennies, par solidarité avec les nouveaux Länder. Pendant longtemps, c'était tout à fait normal. Mais le temps est venu combler les différences", estime M. Ramsauer.
Reste qu'un nombre non négligeable d'Allemands reste, 20 ans après, mécontent des changements intervenus. Selon un sondage, 79 % des Allemands déclarent certes que la chute du Mur fut un événement heureux. Mais 12 % (13 % à l'Est et 12 % à l'Ouest) pensent que le Mur devrait être reconstruit.
Le sociologue Frithjof Hager, de l'Université libre de Berlin, rappelle que l'unité allemande mettra du temps à s'installer dans les esprits. "Bien sûr, il y a aujourd'hui ce qu'on appelle l'unité politique, c'est évident, mais est-ce qu'il y a une unité sociale? Une unité économique? Une unité culturelle ? Je ne le crois pas", estime-t-il.
dimanche 8 novembre 2009
Berlin : l'anniversaire de la chute du mur relance le débat sur le coût de la réunification
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