La taxe carbone s'impose comme l'un des sujets chauds de la rentrée. A quel niveau doit-elle se situer ? Doit-elle être compensée ? Existe-t-il des alternatives ? Le point, avec Jacques Le Cacheux, économiste à l'OFCE et auteur de plusieurs études sur le sujet.
Bercy a annoncé que les ménages recevraient une compensation pour la taxe carbone. Est-ce que ça ne risque pas de nuire à l'objectif de cette taxe ?
Le but de la taxe carbone, c'est de changer les comportement, en rendant la tonne de CO2 plus chère. Et donc en augmentant le prix des produits les plus polluants, comme le carburant, pour dissuader les gens de les consommer. La compensation va se faire de manière forfaitaire, peut-être avec certains critères comme le niveau de revenu ou la situation familiale. Cela signifie que vous recevrez la même somme, que vous consommiez des produits polluants ou non. C'est simple: si vous diminuez votre consommation d'énergies fossiles, vous faites un bénéfice. Si vous l'augmentez, vous perdez de l'argent.
Oui, mais j'en perds moins que s'il n'y avait pas de compensation...
Ce n'est pas faux. Mais la décision de consommer tel ou tel produit dépend davantage de son prix relatif que de votre revenu : si ce prix augmente, vous êtes incité à en consommer moins. Surtout, le gouvernement ne peut pas donner l'impression de simplement chercher à remplir les caisses de l'Etat, surtout avec un impôt qui peut paraître socialement injuste, notamment parce que la part des budgets consacrés aux dépenses énergétiques est plus élevée pour les revenus modestes. Compenser la taxe carbone est donc nécessaire.
Au nom de la justice sociale, Ségolène Royal s'est prononcée contre la taxe carbone. Elle lui préfère une "taxe Total", sur le principe du pollueur-payeur. Est-ce une alternative crédible ?
Ça n'a pas de sens. Encore une fois, l'idée de la compensation, c'est que la taxe carbone n'est pas un impôt supplémentaire, mais un instrument pour modifier les comportements. C'est comme si Ségolène Royal disait qu'il faut dissuader les fumeurs d'acheter des cigarettes, mais qu'elle renonçait à augmenter le prix du paquet. Il est impératif de frapper le produit dont vous voulez dissuader l'usage. Et de frapper fort. Le vrai problème de la taxe carbone, c'est qu'elle est trop faible : 15 euros la tonne, cela correspond à 3 centimes par litre de carburant. Ce n'est pas assez dissuasif. Il faut aller plus loin, à 50 euros au moins, avec une montée en puissance sur deux ou trois ans. Pas sur dix ans, car dans dix ans, il sera trop tard.
Cette taxe devrait être portée à 5000€ par an pour chaque possesseur de 4x4 en zone urbaine, les agriculteurs devraient en être dispensés (pour les véhicules agricoles), les personnes résidant loin de leur lieu de travail et ne bénéficiant pas de transport en commun valables (train réguliers, RER, autocars...etc) devraient eux aussi en être dispensés.
Une taxe sur les GROS POLLUEURS (ceux qui déversent leurs déchets dans le Rhône ou ailleurs) devrait être calculée au tonnage de déchets, le prix de la tonne étant plus ou moins calculée sur le préjudice (impact) sur la nature ( 10 000€/ Tonne).
Une contribution annuelle pour tous les autres citoyens serait à ce compte amenée à un coût raisonnable pour les ménages ( entre 10 et 500 €/an) en fonction d'une estimation faite par les assureurs.
C'est une voie, pas la seule, mais c'en est une.
mercredi 2 septembre 2009
"Le vrai problème de la taxe carbone, c'est qu'elle est trop faible"
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